14 Habitudes pour Prévenir ou Retarder la Démence

Et si nous avions plus de contrôle que nous le pensons sur notre santé cérébrale à long terme ? C'est ce que suggère le dernier rapport de la Lancet Commission sur la démence. Publiée en juillet 2024, cette mise à jour identifie désormais 14 facteurs de risque modifiables, associés à 40% de tous les cas de démence dans le monde. En d'autres termes, en agissant sur ces leviers tout au long de la vie, nous pourrions significativement réduire notre probabilité de développer une démence, ou retarder son apparition de plusieurs années.

Parmi ces 14 facteurs, certains comme le tabagisme, la sédentarité ou une alimentation trop riche en sucre et en sel ne surprendront personne. Mais le rapport met aussi en lumière des éléments moins connus, comme l'importance de traiter une perte auditive ou visuelle, de réduire l'isolement social, ou encore de porter un casque lors d'activités à risque de traumatisme crânien.

Une approche sur toute la vie

L'un des enseignements majeurs du rapport est qu'il n'est jamais trop tôt, ni trop tard, pour agir. Chaque étape de la vie offre des opportunités de réduire ses risques :

Dès l'enfance et l'adolescence

Bénéficier d'une éducation de qualité permet de développer une "réserve cognitive" qui semble retarder l'apparition des symptômes. Éviter l'exposition excessive au bruit et la perte auditive qui peut en découler est aussi crucial à cet âge.

À l'âge adulte

Dépister et traiter l'hypertension artérielle, le diabète, l'obésité et l'hypercholestérolémie permet de préserver la santé cardiovasculaire et cérébrale. Eviter le tabac et l'abus d'alcool, avoir une activité physique et mentale régulière et traiter la dépression sont aussi des points clés.

Après 65 ans

Outre le maintien des bonnes habitudes, la priorité est d'entretenir son capital auditif et visuel en traitant toute déficience, et de préserver son intégration sociale, notamment via un logement et un cadre de vie propices aux interactions.

Il n'est jamais trop tard pour réduire son risque de démence, même à un âge avancé. Et plus on adopte ces mesures préventives tôt, plus elles sont susceptibles d'avoir un impact significatif sur la santé cérébrale.

-Gill Livingston, auteure principale du rapport

Des recommandations concrètes

Certaines des mesures préconisées relèvent de choix individuels, comme adopter une alimentation saine, pratiquer une activité physique régulière ou s'abstenir de fumer. Mais les auteurs insistent : la prévention passe aussi par des politiques de santé publique volontaristes. Ils recommandent par exemple :

• De rendre les prothèses auditives plus accessibles
• De durcir les réglementations sur le tabac et l'alcool
• De promouvoir des environnements de vie favorisant les interactions sociales
• De mettre en place des politiques strictes de qualité de l'air

Créer des "sociétés bienveillantes envers la démence" passe aussi selon eux par des efforts en termes de dépistage précoce, de soutien aux aidants, et de déstigmatisation de la maladie. Bref, une approche globale pour un enjeu de société majeur, à l'heure où la prévalence de la démence continue d'augmenter.

L'espoir d'une détection plus précoce

Le rapport évoque aussi avec espoir les progrès récents pour détecter la maladie avant même l'apparition des symptômes, notamment via des biomarqueurs sanguins. Et appelle à plus de transparence sur les effets à court et long terme des nouveaux traitements anti-amyloïde pour la maladie d'Alzheimer.

La recherche avance à grands pas. Mais en attendant de nouveaux traitements, la prévention reste notre meilleure arme. Et ce rapport montre qu'il existe de nombreux leviers à notre portée pour agir.

-Serge Gauthier, co-auteur et directeur de la recherche sur la maladie d'Alzheimer à l'Université McGill

Bien sûr, mettre en pratique ces recommandations ne garantit pas une immunité contre la démence. Mais cela augmente significativement nos chances de garder un cerveau en bonne santé le plus longtemps possible. Un constat porteur d'espoir, qui nous rappelle que notre mode de vie et nos choix ont un réel impact sur notre santé cognitive à long terme.