2026 : L’Année des Scale-ups au Canada
Imaginez un pays dont l’avenir économique repose sur une poignée d’entreprises audacieuses, capables de créer des milliers d’emplois et d’innover sans relâche. Au Canada, ces héros discrets s’appellent les scale-ups. Pourtant, en cette fin 2025, elles naviguent dans une mer d’incertitudes plus agitée que jamais. Et si 2026 devenait enfin leur année ?
Pourquoi 2026 doit être l'année des scale-ups canadiennes
Les scale-ups ne sont pas de simples startups qui ont grandi. Ce sont des entreprises matures, générant généralement entre 10 et 500 millions de dollars de revenus annuels, souvent fondées et dirigées par leurs créateurs. Elles représentent moins de 8 % des sociétés canadiennes, mais portent une part disproportionnée de la création d’emplois, de la productivité et de l’innovation nationale.
Dans un contexte mondial marqué par les tensions commerciales, les marchés prudents et les retards décisionnels des clients, ces entreprises deviennent le pivot de la reprise. Sans un soutien massif et adapté, le Canada risque de voir ses champions se faire absorber par des géants étrangers ou stagner face aux chocs externes.
Un impact économique hors norme
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon des recherches menées par l’Innovation Policy Lab de l’Université de Toronto, les scale-ups exportent davantage, investissent massivement en R&D et déposent plus de brevets que la moyenne des entreprises canadiennes. Elles sont, en somme, les moteurs les plus puissants de l’économie du savoir.
Elles créent des emplois qualifiés, boostent la productivité et irriguent l’ensemble de l’écosystème technologique. Sans elles, le Canada continuerait de dépendre excessivement des ressources naturelles et des grandes firmes étrangères.
- Représentent moins de 8 % des entreprises
- Génèrent une part majeure de la croissance des emplois
- Sont les plus intensives en innovation et en brevets
- Exportent plus que la moyenne nationale
Une période d’incertitude inédite
Les dirigeants de scale-ups affrontent aujourd’hui un niveau d’incertitude qu’ils n’ont pas connu depuis la crise financière de 2008-2009. Les guerres tarifaires commencent à peine à produire leurs effets. Les taux d’intérêt restent volatils. Les institutions financières adoptent une prudence excessive.
Ajoutez à cela les interrogations autour de la bulle potentielle de l’intelligence artificielle et les retards dans les décisions d’achat des clients : le cocktail est explosif. Plus de 60 % des entreprises canadiennes anticipent une croissance des ventes faible ou très incertaine, selon la dernière enquête de la Banque du Canada.
« Plus une entreprise grandit, plus elle devient exposée aux forces extérieures qu’elle ne contrôle pas. Un seul choc peut effacer des mois de progrès. »
– Un CEO de scale-up canadien expérimenté
Cette vulnérabilité accrue explique le sentiment d’appréhension raisonnable qui règne parmi les fondateurs. Ce n’est pas de la panique, mais une vigilance accrue face aux enjeux qui s’alourdissent avec la taille.
Le poids invisible du leadership en temps troublés
Diriger une scale-up en période d’incertitude demande une résilience exceptionnelle. Les décisions sont plus lourdes, les variables plus nombreuses, et les conséquences potentiellement dévastatrices. Pourtant, les CEOs absorbent cette pression en silence pour protéger leurs équipes.
Ils incarnent cette citation souvent attribuée à Barack Obama : les leaders récoltent tous les reproches et peu de gloire. Dans les scale-ups canadiennes, cette réalité est quotidienne. Les fondateurs restent calmes, prennent les décisions difficiles et maintiennent le cap même quand le sol tremble.
Cette force de caractère est un atout national précieux. Les entrepreneurs canadiens ont toujours su performer avec moins de capitaux, dans un environnement réglementaire parfois lent. Leur détermination reste intacte.
La résilience ne suffira pas seule
Malgré cette ténacité légendaire, la résilience des dirigeants ne peut pas tout compenser. Pour que 2026 devienne réellement l’année des scale-ups, l’écosystème entier doit accélérer et s’aligner sur leur rythme.
Les institutions financières doivent soutenir la dynamique plutôt que de freiner par excès de prudence. Les gouvernements, qui affichent de grandes ambitions en matière d’innovation, doivent traduire ces paroles en actes concrets et rapides.
Les processus d’appels d’offres publics, les programmes de subventions et les politiques fiscales doivent être simplifiés et accélérés. Sinon, le Canada risque de brider ses propres champions.
Des leviers concrets à activer dès maintenant
Plusieurs mesures pourraient transformer 2026 en un tournant positif. Voici quelques pistes réalistes et impactantes :
- Réformer les programmes de crédit pour favoriser les scale-ups en croissance rapide
- Accélérer les délais de traitement des demandes de SR&ED et autres incitatifs fiscaux
- Créer un guichet unique pour les entreprises innovantes en phase d’expansion internationale
- Renforcer les partenariats public-privé pour sécuriser les grands contrats domestiques
- Encourager les fonds de pension canadiens à investir davantage dans les scale-ups nationales
Ces actions ne nécessitent pas forcément des budgets colossaux, mais une volonté politique claire et une exécution rapide.
Un optimisme mesuré pour l’avenir
Malgré les nuages, il y a des raisons d’être optimiste. Les CEOs des scale-ups canadiennes ont prouvé par le passé leur capacité à naviguer dans la tempête. Avec un soutien institutionnel adapté, ils peuvent transformer l’incertitude actuelle en opportunité majeure.
2026 pourrait marquer le moment où le Canada passe d’une économie dépendante des ressources à une puissance technologique reconnue mondialement. À condition que tout l’écosystème – gouvernements, banques, investisseurs – se mobilise avec la même détermination que ces entrepreneurs.
Le potentiel est là. Les talents aussi. Il ne manque plus que l’alignement collectif pour libérer cette énergie. Alors, prêt à faire de 2026 l’année où les scale-ups canadiennes prennent enfin leur envol ? L’avenir économique du pays en dépend peut-être plus qu’on ne le pense.
Les prochains mois seront décisifs. Les décisions prises aujourd’hui façonneront la compétitivité canadienne pour la décennie à venir. Ne laissons pas passer cette chance.