34 Ans dans la Chimie : Parcours d’un Passionné
Saviez-vous qu’un juriste peut devenir une figure incontournable de l’industrie chimique sans jamais avoir manipulé une éprouvette ? C’est l’histoire fascinante de Gilles Le Maire, qui, pendant 34 ans, a marqué de son empreinte le secteur en Île-de-France. Entré par hasard dans ce monde, il a accompagné des transformations majeures, de la désindustrialisation à l’essor de la chimie verte, tout en posant les bases d’un avenir prometteur pour les jeunes générations. Son parcours, riche et inattendu, mérite qu’on s’y arrête.
Un Chemin Improbable vers la Chimie
Imaginez un jeune diplômé en droit, spécialisé dans les relations sociales, qui s’ennuie dans un bureau à Niort. C’est là que tout commence pour Gilles Le Maire. Un jour, un cabinet de recrutement le contacte pour un poste à la Chambre syndicale des industries chimiques d’Île-de-France. Sans hésiter, il saisit cette opportunité, plongeant dans un univers qu’il ne connaissait pas.
Son premier rôle ? Accompagner les entreprises sur des questions sociales. Rapidement, il gravit les échelons pour devenir délégué général de ce qui deviendra France Chimie Île-de-France en 2009. Ce qui l’a séduit ? La diversité des acteurs – des géants aux PME – et l’impact concret de la chimie sur notre quotidien.
J’ai découvert et apprécié l’apport de la chimie pour la qualité de notre vie quotidienne.
– Gilles Le Maire
Une Industrie en Mutation
En 34 ans, Gilles Le Maire a été témoin d’un bouleversement profond. Dans les années 1990, l’Île-de-France abritait encore de grands sites de **chimie de base**. Mais la pression des pouvoirs publics et la concurrence asiatique ont poussé ces mastodontes à se délocaliser. Résultat : une région autrefois industrielle s’est réinventée autour de la recherche et des produits à haute valeur ajoutée.
Aujourd’hui, 80 % des adhérents de France Chimie IDF sont des PME et ETI, contre 20 % de grands groupes. Cette évolution n’est pas un affaiblissement, mais une adaptation. Les laboratoires de R&D et les sièges sociaux ont pris le relais, orientant la chimie vers des secteurs comme la pharmacie ou les cosmétiques.
Parmi les disparus, des noms résonnent encore : Rhône-Poulenc, Atochem, Roussel Uclaf. Ces démantèlements, souvent critiqués, ont redessiné la carte industrielle française. Pourtant, des sites emblématiques subsistent, notamment en Isère, preuve d’une résilience inattendue.
La Révolution Verte au Cœur du Secteur
Si la chimie a perdu des usines, elle a gagné en conscience écologique. Gilles Le Maire a vu naître la **chimie verte**, puis la chimie bleue, qui mise sur les algues comme alternative au pétrole. Ces concepts, loin d’être des utopies de colloques, sont devenus des réalités industrielles.
Le programme *Responsible Care*, lancé dès 1985, illustre cet engagement précoce. En Île-de-France, des trophées récompensent depuis plus de 15 ans les avancées en santé, sécurité et environnement (SSE). Pour Gilles, cette obsession du secteur reste méconnue du grand public.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’accidentologie liée aux matières chimiques est faible. Les incidents marquants, comme AZF en 2001 ou Lubrizol en 2019, bien que traumatisants, sont des exceptions qui ne reflètent pas la norme.
Un Engagement Social Fort
Chez France Chimie, Gilles Le Maire ne s’est pas contenté de suivre les évolutions techniques. Il a aussi porté des missions sociales. La convention collective des industries chimiques, un texte des années 1950 enrichi au fil du temps, offre des garanties solides aux salariés.
Quelques exemples ? Un minimum salarial élevé pour les jeunes cadres, des conditions d’emploi avantageuses, et une préférence pour le consensus plutôt que le conflit. Cette approche, souvent portée par des patrons-chercheurs, fait de la chimie un secteur à part.
- 58 % de femmes dans les effectifs en Île-de-France.
- 58 % de ces femmes sont ingénieures ou cadres.
- Une féminisation croissante qui redéfinit le secteur.
Former la Relève : Une Priorité
Pour Gilles Le Maire, l’avenir de la chimie passe par les jeunes. Sous son impulsion, l’apprentissage a explosé : +34 % entre 2021 et 2023, dépassant les objectifs fixés. Le Village de la Chimie, créé il y a plus de 20 ans, incarne cette ambition.
Chaque année, cet événement réunit entreprises, écoles et associations pour inspirer les élèves. En 2025, la 22e édition s’annonce mémorable avec 70 entreprises attendues. Un projet que Gilles compte continuer à soutenir, même après avoir quitté son poste.
Le Village de la Chimie, c’est un projet qui me tient à cœur et que j’espère accompagner encore.
– Gilles Le Maire
Les Défis Actuels : Une Tempête à Surmonter
Frédéric Gauchet, président de France Chimie, parle d’une « tempête » traversée par le secteur. Régulations strictes, coûts énergétiques, concurrence internationale : les obstacles sont nombreux. Pourtant, Gilles reste optimiste.
Pour lui, les difficultés sont souvent politiques. Avec une meilleure écoute des pouvoirs publics, beaucoup pourraient être évitées. Et les atouts sont là : innovation, formation, résilience. La chimie française a déjà surmonté bien des crises en 34 ans.
Un Héritage à Pérenniser
En quittant son poste, Gilles Le Maire passe le relais à Tiphaine Lecœur. Mais son départ n’est pas une fin. À travers le Village de la Chimie et son engagement pour l’emploi, il compte rester un acteur du secteur.
Son parcours montre que la passion peut naître là où on ne l’attend pas. De juriste à défenseur d’une industrie essentielle, il laisse une trace durable. Et si la chimie continue d’évoluer, une chose est sûre : elle aura besoin de voix comme la sienne pour se faire entendre.
Alors, qu’en pensez-vous ? Peut-on réinventer une industrie sans jamais l’avoir étudiée ? Gilles Le Maire prouve que oui, avec audace et vision.