Ascometal : Reprise par Greybull, Sauveur Britannique ?
Hagondange et Leffrinckoucke retiennent leur souffle. Ce 28 juin, le tribunal de Strasbourg a examiné l'unique offre de reprise encore en lice pour les sites Ascometal de Moselle et du Nord. Et le verdict semble sans appel : sauf rebondissement de dernière minute, l'avenir de l'aciériste passera par le fonds britannique Greybull Capital.
Spécialisé dans le retournement d'entreprises en difficulté, Greybull avait déjà fait parler de lui en 2016 en reprenant la division aciers longs de Tata Steel, sauvant au passage le laminoir d'Hayange et l'aciérie Ascoval de Saint-Saulve. Le fonds remet aujourd'hui le couvert avec la quasi-totalité des actifs français d'Ascometal, ancienne filiale du groupe Swiss Steel placée en redressement judiciaire fin mars.
761 emplois préservés, avec l'aide de l'État
Concrètement, Greybull s'engage à reprendre le pôle automobile d'Hagondange et l'usine des Dunes à Leffrinckoucke, soit 761 salariés sur les 784 que compte encore Ascometal. Seule ombre au tableau : la suppression de 23 postes dans les fonctions support. Un moindre mal pour les syndicats, qui ont émis un avis favorable au projet « par défaut », les autres candidats s'étant retirés de la course.
Mais la clé de ce sauvetage in extremis pourrait bien être le soutien de l'État. La veille de l'audience, le Comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI) a en effet donné son feu vert à un prêt de 85 millions d'euros, débloqué en trois tranches via le Fonds de développement économique et social (FDES). Un apport vital, Greybull n'injectant aucun argent frais dans l'immédiat.
Cap sur l'automobile et la défense
Le repreneur compte relancer la production d'aciers pour l'automobile, le cœur de métier historique d'Ascometal. Mais il mise aussi sur une diversification dans les aciers pour la défense, avec un projet de fabrication d'obus à Hagondange. Le plan prévoit également la remise en service du laminoir des Dunes, à l'arrêt depuis 2020.
Si le tribunal valide ce scénario le 8 juillet prochain, Ascometal écrira une nouvelle page de sa longue histoire. Presque par inadvertance, l'ex-fleuron de la sidérurgie française se retrouverait ainsi sous pavillon britannique. Mais peu importe la nationalité, pourvu qu'il y ait la reprise. Et celle-ci a désormais un visage : celui des frères Meyohas, discrets propriétaires de Greybull Capital.
C'est un point d'incertitude.
Yann Amadoro, secrétaire du CSE, à propos du financement de l'État
Une incertitude demeure cependant quant au déblocage effectif du prêt de l'État, le 2nd tour des législatives pouvant rebattre les cartes. Mais les salariés d'Ascometal veulent y croire. Après des mois d'angoisse, l'espoir d'un nouveau départ est permis. Verdict définitif le 8 juillet.
