L’Essor Fulgurant de l’Industrie Manufacturière Chinoise en 2024
En ce début d'été 2024, la Chine fait une nouvelle fois la démonstration de la vigueur de son secteur manufacturier. Selon la dernière enquête publiée par Caixin/S&P Global, l'indice PMI manufacturier a bondi à 51,8 en juin, signant sa plus forte progression depuis mai 2021. Cette performance remarquable dépasse les prévisions des analystes qui tablaient sur un indice à 51,2, et contraste avec les données officielles qui montraient un léger repli de l'activité. Mais quels sont les ressorts de cette croissance ? Décryptage.
Une production dopée malgré un contexte incertain
Le premier enseignement de cette enquête est la remarquable hausse de la production manufacturière chinoise en juin. Malgré les incertitudes qui pèsent sur l'économie mondiale, les entreprises industrielles de l'Empire du Milieu ont réussi à doper leurs cadences, profitant notamment de carnets de commandes bien remplis.
Cette vitalité est d'autant plus impressionnante qu'elle survient dans un contexte de ralentissement de la demande intérieure. Les industriels chinois ont en effet dû composer avec un marché domestique moins dynamique, les consommateurs se montrant plus frileux dans un climat économique troublé.
L'export comme moteur de croissance
Face à cet essoufflement de la demande locale, les entreprises chinoises ont misé sur leur compétitivité à l'international pour soutenir leur activité. L'enquête Caixin/S&P Global révèle en effet que les PME exportatrices ont été le principal moteur de la croissance en juin :
- Les carnets de commandes à l'export ont continué de se remplir
- La production destinée aux marchés étrangers a fortement augmenté
- La Chine a conforté ses parts de marché mondiales
Cette dynamique positive témoigne du savoir-faire industriel chinois et de la capacité du pays à capter la demande internationale malgré un environnement complexe. Les entreprises ont su tirer leur épingle du jeu en misant sur leur flexibilité et leur rapidité d'adaptation.
Des signaux contrastés sur le marché intérieur
Si l'export a indéniablement joué un rôle clé dans la bonne tenue de l'indice PMI manufacturier en juin, la consommation domestique a en revanche envoyé des signaux plus mitigés. Les ventes au détail ont certes rebondi de 3,1% sur un an le mois dernier, mais cette embellie ne doit pas masquer la persistance de facteurs de fragilité :
- La confiance des ménages reste circonspecte
- Le marché immobilier est toujours en souffrance
- Les entreprises restent prudentes sur leurs investissements
Autant d'éléments qui incitent à nuancer l'optimisme affiché par les industriels. Si la reprise est bien là, elle apparaît encore inégale et vulnérable à de nouveaux soubresauts.
La Chine montre une capacité de rebond impressionnante mais les défis structurels demeurent, à commencer par le rééquilibrage de son modèle de croissance.
Wang Tao, économiste chez UBS
Cap sur la montée en gamme
Pour consolider la reprise et gagner en résilience, l'industrie chinoise mise plus que jamais sur l'innovation et la montée en gamme. Le pays multiplie les investissements dans les technologies de pointe comme l'intelligence artificielle, la robotique ou les véhicules électriques. Les startups technologiques sont particulièrement dynamiques et contribuent à faire émerger de nouveaux champions nationaux capables de rivaliser avec les géants mondiaux.
Cette quête d'excellence industrielle est au cœur de la stratégie chinoise pour s'affirmer comme une superpuissance économique et technologique. En témoigne l'ambitieux plan "Made in China 2025" qui vise à faire du pays un leader dans dix secteurs clés, des semi-conducteurs au spatial en passant par les équipements médicaux.
Une trajectoire à confirmer
Si la vigueur affichée par l'indice PMI manufacturier est incontestablement une excellente nouvelle pour l'économie chinoise, elle appelle aussi à la prudence. D'abord parce qu'un mois ne fait pas une tendance, et qu'il faudra confirmer ces bons chiffres dans la durée. Ensuite car la Chine n'est pas à l'abri de nouvelles turbulences, entre risques sanitaires, tensions géopolitiques et incertitudes sur la demande mondiale.
Enfin, la bonne santé du secteur manufacturier ne doit pas occulter les fragilités qui subsistent dans d'autres pans de l'économie, à commencer par les services et l'immobilier. Pour que la reprise soit durable et profitable au plus grand nombre, elle doit s'accompagner de réformes de fond et bénéficier à l'ensemble des acteurs.
La Chine a donc encore du chemin à parcourir pour consolider son rebond et réussir sa mue vers une croissance plus qualitative. Mais elle peut compter sur la créativité et l'engagement de ses entrepreneurs et de sa main d'œuvre pour y parvenir. Si elle sait cultiver ses atouts tout en corrigeant ses faiblesses, elle a assurément les moyens de continuer à étonner le monde.