La fermeture du fonds Driving Forces : un signal pour les investisseurs deep tech
Le monde du capital-risque est en ébullition. Après 4 ans d'activité, le fonds deep tech Driving Forces annonce sa fermeture. Une décision surprenante de prime abord, mais qui reflète les mutations profondes traversées par ce secteur. Retour sur les raisons de ce choix et les perspectives d'avenir avec Sidney Scott, fondateur et unique General Partner du fonds.
Un succès indéniable mais insuffisant face aux nouveaux défis
Créé en 2020 avec un objectif de 5 millions de dollars, Driving Forces a connu un parcours remarquable. Son portefeuille affiche plus de 30% de rendement net, une performance enviable dans l'univers des fonds deep tech. Pourtant, Sidney Scott a pris la décision de mettre un terme à l'aventure.
Interrogé par TechCrunch, l'entrepreneur explique les raisons de ce choix cornélien :
Avec la concurrence croissante sur un nombre encore limité de deals dans le deep tech, j'ai réalisé que cela deviendrait un challenge pour un petit fonds comme le mien. Ce n'était pas facile, mais c'est le bon choix dans le contexte actuel du marché.
– Sidney Scott, fondateur de Driving Forces
L'irrésistible ascension du deep tech attise les convoitises
Longtemps boudé par les investisseurs au profit des startups SaaS ou fintech, le deep tech connaît un engouement sans précédent. Les projets mêlant percées scientifiques et ambition entrepreneuriale se multiplient. Un vivier dans lequel se pressent désormais de nombreux acteurs du capital-risque, des fonds corporate aux mastodontes du VC.
Sidney Scott constate avec ironie que les arguments autrefois avancés pour snober le deep tech - intensité capitalistique, temps de développement, expertise pointue - sont aujourd'hui brandis pour justifier d'y investir massivement. Une tendance lourde dont il pointe certains risques :
Beaucoup de ces nouveaux entrants dans le deep tech vont au-devant d'un sacré réveil d'ici 3 ans. La ruée vers ce secteur a été trop rapide et pourrait créer une bulle spéculative.
– Sidney Scott, fondateur de Driving Forces
Un avenir passionnant mais incertain pour le deep tech
Si la prise de recul de Sidney Scott peut sembler pessimiste, elle traduit surtout une volonté de ne pas céder aux sirènes d'un marché volatil. Car au-delà des success stories qui font rêver, le deep tech reste un pari audacieux et de long terme.
L'entrepreneur anticipe un effet "boomerang" : l'arrivée massive de capitaux, couplée au nombre restreint de projets innovants, risque de faire flamber les valorisations et de créer une pression immense sur les startups. Un phénomène qui pourrait rapidement se gripper en cas de retournement de conjoncture.
Malgré ces signaux d'alerte, Sidney Scott reste confiant dans le potentiel du deep tech à réinventer des pans entiers de notre économie et de nos sociétés. Il appelle cependant à une approche plus mesurée et patiente, seule à même de faire éclore les pépites technologiques de demain.
La fermeture de Driving Forces sonne donc comme un avertissement pour un écosystème en pleine accélération. À l'heure des paris sur l'avenir, la voix singulière de Sidney Scott invite à garder les pieds sur terre. Car s'il y a bien un secteur où l'on ne peut brûler les étapes, c'est celui du deep tech et de ses promesses à long terme.