L’UE relève ses droits de douane sur les véhicules électriques chinois
Face à la menace grandissante des véhicules électriques chinois lourdement subventionnés, l'Union européenne a décidé de répliquer. A compter du 5 juillet, des droits de douane allant jusqu'à 37,6% seront appliqués aux voitures électriques importées de Chine. Une mesure forte pour protéger l'industrie automobile européenne, qui suscite la colère de Pékin. Mais Bruxelles se dit prête à négocier un compromis dans les mois à venir.
L'UE veut éviter l'"inondation" de son marché par la Chine
Selon la Commission européenne, la part de marché des marques chinoises en Europe est passée de moins de 1% en 2019 à 8% aujourd'hui, avec une projection à 15% en 2025. En cause : des prix inférieurs de 20% en moyenne, rendus possibles par les lourdes subventions de l'État chinois à son industrie automobile. Une situation jugée anticoncurrentielle par l'UE.
Nous voulons éviter de répéter les erreurs commises il y a dix ans avec les panneaux solaires, en laissant les constructeurs chinois fortement subventionnés inonder le marché européen.
Un responsable européen
Des droits de douane de 17,4% à 37,6% selon les constructeurs
Concrètement, les droits de douane s'élèveront à :
- 17,4% pour BYD
- 19,9% pour Geely
- 37,6% pour SAIC
Ils s'ajouteront aux 10% de droits de douane déjà appliqués aux importations de voitures. Les constructeurs étrangers produisant en Chine, comme Tesla et BMW, écoperont eux de 20,8% s'ils ont coopéré à l'enquête de l'UE, et 37,6% dans le cas contraire.
La Chine promet des "mesures nécessaires" de rétorsion
Sans surprise, la réaction de Pékin ne s'est pas fait attendre. Le gouvernement chinois a déclaré qu'il prendrait "toutes les mesures nécessaires" pour défendre ses intérêts, évoquant des droits de douane sur les importations chinoises de cognac ou de viande de porc en provenance d'Europe.
Une menace prise très au sérieux par certains États membres de l'UE, comme l'Allemagne, réticente à l'idée de droits de douane supplémentaires, ou la Hongrie, carrément hostile. Les négociations des quatre prochains mois entre Bruxelles et Pékin, mais aussi en interne, s'annoncent tendues.
Reste une marge de manœuvre par rapport aux USA
Malgré tout, l'UE se montre moins sévère que les États-Unis, qui prévoient des droits de douane de 100% sur les véhicules chinois dès août. Une marge de négociation existe donc pour trouver un terrain d'entente avec la Chine.
L'enjeu est crucial pour l'avenir de l'industrie automobile européenne, prise en tenaille entre la concurrence chinoise à bas coûts et l'avance technologique des constructeurs américains. Réussir la transition vers l'électrique tout en préservant sa souveraineté industrielle sera l'un des grands défis de l'UE ces prochaines années.