Ariane 6 : Un Concentré d’Innovations Malgré l’Absence de Réutilisation
À la veille de son vol inaugural tant attendu, la fusée Ariane 6 fait parler d'elle. Si les mordus de lanceurs réutilisables comme ceux de SpaceX risquent d'être déçus, ce nouveau fleuron spatial européen n'en demeure pas moins une concentré d'innovations technologiques. De quoi lui permettre de rester dans la course face à une concurrence de plus en plus féroce.
Un moteur Vinci rallumable pour plus de polyvalence
L'une des principales nouveautés d'Ariane 6 se situe au niveau de son étage supérieur, propulsé par le moteur Vinci. Développé par ArianeGroup, il a la particularité d'être rallumable plusieurs fois en vol. Lors du tir inaugural, il sera ainsi allumé puis éteint à deux reprises :
- Une première fois pour amener l'étage supérieur sur la bonne orbite
- Une seconde pour ajuster finement cette orbite
- Et une dernière pour désorbiter l'étage et éviter de laisser des débris spatiaux
Cette capacité à se rallumer, permise par un générateur de puissance de nouvelle génération, fait d'Ariane 6 un lanceur particulièrement adapté au déploiement des constellations de satellites. Elle pourra placer précisément différentes grappes sur plusieurs orbites lors d'un même vol.
Vulcain 2.1, un moteur principal plus puissant
L'étage principal d'Ariane 6 est quant à lui propulsé par le moteur Vulcain 2.1, une version améliorée de celui qui équipait Ariane 5. Délivrant une poussée de 140 tonnes, il accélère fortement la fusée pendant les 8 premières minutes de vol, jusqu'à une altitude d'environ 160 km. Son architecture a été simplifiée, avec notamment un allumage depuis le sol et non plus par des dispositifs pyrotechniques embarqués.
Des boosters P120C polyvalents et puissants
Pour s'arracher à l'attraction terrestre, Ariane 6 peut compter sur ses boosters latéraux à propulsion solide, les P120C. Capables d'embarquer jusqu'à 142 tonnes de propergol, ils offrent un atout de taille en termes de polyvalence. La fusée peut en effet être équipée de 2 ou 4 boosters selon les besoins, couvrant ainsi toute une gamme de missions allant du lanceur moyen au lanceur lourd. Ces propulseurs d'appoint sont en outre mutualisés avec ceux du lanceur léger européen Vega C, générant des économies d'échelle bienvenues.
Un pas de tir mobile pour plus de flexibilité
L'innovation ne se cantonne pas à la fusée en elle-même. Son nouveau pas de tir apporte lui aussi son lot de ruptures. Grâce à un imposant portique mobile pesant 6000 tonnes et haut de 90 mètres, Ariane 6 reste à l'horizontale pendant une bonne partie de la campagne de lancement. Elle n'est verticalisée qu'au dernier moment, une fois équipée de ses boosters et de sa charge utile. Le portique se retire ensuite à 120 mètres pour laisser place au remplissage des réservoirs en ergols cryogéniques.
En cas d'anomalie pendant une chronologie, il suffit de remettre le portique sur le lanceur pour assurer la réparation. Cela prend quelques minutes. Sur Ariane 5, il fallait transférer le lanceur à son bâtiment d'assemblage, ce qui pouvait prendre plusieurs jours.
– Carine Leveau, directrice du Transport Spatial pour le CNES
Ce système astucieux devrait permettre de réduire le temps d'une campagne de lancement en rythme de croisière à seulement 15 jours, contre 40 pour Ariane 5. De quoi donner un avantage compétitif significatif à ce nouveau lanceur.
Malgré l'absence de réutilisation de son premier étage, un choix assumé pour correspondre au mieux aux besoins de l'Europe en termes de lancements, Ariane 6 n'a donc pas à rougir côté innovations. En misant sur la polyvalence et l'allègement des coûts plutôt que sur la récupération des boosters, ce lanceur nouvelle génération espère bien permettre à l'Europe de rester dans la course à l'espace. Réponse le 9 juillet avec son vol inaugural très attendu !