Le talc classé « cancérogène probable » par l’OMS
Mauvaise nouvelle pour les amateurs de poudre de talc... Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l'Organisation mondiale de la santé vient de classer ce minéral largement utilisé en cosmétique comme "probablement cancérogène pour l'homme" (groupe 2A). Une annonce qui fait l'effet d'une bombe dans l'industrie, même si les preuves restent limitées.
Le talc, un minéral omniprésent mais controversé
Composé de magnésium, silicium, oxygène et hydrogène, le talc est utilisé depuis le 19ème siècle dans de nombreux produits cosmétiques et d'hygiène comme les poudres pour bébés. Mais ce minéral naturel se forme souvent à proximité de gisements d'amiante, une substance cancérogène avérée. Malgré les processus de purification, des traces d'amiante extrêmement toxiques peuvent donc contaminer le talc destiné aux produits grand public.
Un risque accru de cancer des ovaires
Le CIRC a fondé son évaluation sur des "preuves limitées" chez l'homme, des "preuves suffisantes" chez l'animal et de "solides preuves mécanistiques" sur des cellules humaines. Plusieurs études épidémiologiques ont en effet montré une augmentation du risque de cancer des ovaires chez les femmes utilisant régulièrement du talc dans la région périnéale. Même si des biais ne peuvent être écartés, difficile d'ignorer cette tendance préoccupante.
Bien que l'évaluation se concentre sur le talc ne contenant pas d'amiante, la contamination du talc par l'amiante n'a pas pu être exclue dans la plupart des études sur les humains exposés.
Rapport du CIRC
Des preuves chez l'animal et au niveau cellulaire
Au-delà des études épidémiologiques, les chercheurs du CIRC se sont penchés sur les effets du talc chez les animaux de laboratoire. Chez les rats femelles exposés, ils ont constaté une hausse des cancers de la médullosurrénale et du poumon. Chez les mâles, ce sont des tumeurs bénignes et malignes qui ont été observées.
Enfin, les tests sur des cellules humaines ont révélé que le talc pouvait induire une inflammation chronique et altérer la croissance et la mort cellulaire. Autant de mécanismes qui peuvent favoriser l'apparition de cancers.
Johnson & Johnson dans la tourmente
Ce rapport accablant survient peu après la condamnation du géant Johnson & Johnson à payer 700 millions de dollars pour avoir trompé les consommateurs sur l'innocuité de ses produits au talc. Une enquête avait en effet révélé que certains lots étaient contaminés par de l'amiante. Malgré ce nouveau coup dur, l'entreprise continue de clamer que son talc est sûr...
Des preuves encore limitées mais préoccupantes
Le CIRC souligne cependant les limites de son évaluation : la plupart des études se basent sur des observations et des auto-déclarations, pas sur des tests directs. Des biais ne peuvent donc être exclus. C'est pourquoi les experts estiment ne pas pouvoir affirmer avec certitude un lien de causalité entre talc et cancer à ce stade.
En attendant d'en savoir plus, les personnes préoccupées par les liens possibles entre la poudre de talc et le cancer peuvent choisir d'éviter ou de limiter l'utilisation de produits de consommation qui en contiennent.
American Cancer Society
Quelles alternatives au talc ?
Face aux risques potentiels, de plus en plus de marques proposent désormais des produits sans talc, à base d'amidon de maïs, de fécule de pomme de terre ou d'arrow-root. Des alternatives naturelles et a priori sans danger, même si des études complémentaires restent nécessaires.
En attendant, le principe de précaution s'impose. Si vous utilisez régulièrement des produits contenant du talc, en particulier au niveau des parties génitales, mieux vaut opter pour des alternatives. Votre santé n'a pas de prix !