Samsung Face à sa Première Grève : Les Employés Découvrent l’Action Syndicale
Qui l'eut cru ? En ce mois de juillet 2024, les salariés de Samsung, géant sud-coréen de la technologie, se lancent pour la première fois dans une grève générale. Du jamais vu en 55 ans d'existence pour cette entreprise peu habituée aux mouvements sociaux. L'occasion pour de nombreux employés de se familiariser avec les codes de l'action syndicale.
Un syndicat déterminé malgré l'inexpérience
Le syndicat NSEU, créé en 2020 après des décennies de politique anti-syndicale chez Samsung, est bien décidé à se faire entendre. Son vice-président Lee Hyeonguk déclare : « Les solutions pacifiques ont été épuisées ». Contrairement à une précédente action discrète en juin, les salariés assument cette fois pleinement leur mobilisation qui démarre le 8 juillet pour trois jours.
Mais dans les rangs, beaucoup découvrent les pratiques militantes. Le syndicat a même organisé une « foire aux questions » pour répondre aux interrogations des novices :
- Peut-on percevoir une compensation salariale pendant la grève ?
- Faut-il rester sur le piquet de grève ou peut-on rentrer chez soi ?
- A-t-on le droit d'endommager le matériel de l'entreprise ?
Une première grève bon enfant
Rassemblés devant le site de Hwaseong, les grévistes entonnent des chants ouvriers et écoutent les discours syndicaux. Cho Hapwon, 35 ans, ouvrier de maintenance, confie sa toute première expérience de grève :
J'ai beaucoup hésité avant de participer, c'est la première fois que je fais ça. Je me demandais si la grève était vraiment utile puis les collègues du syndicat nous ont expliqué et j'ai décidé de les rejoindre.
– Cho Hapwon, ouvrier de maintenance chez Samsung
Pour Park Gi-hoon, autre salariée, l'expérience est carrément grisante : « D'habitude on voit les grèves, les manifestations à la télé, mais là j'y suis vraiment ! C'est bien d'être là, tous ensemble. » Cette première mobilisation à l'ambiance bon enfant marque les esprits.
Au-delà des salaires, instaurer un dialogue social
Les employés réclament des hausses de salaires et des explications sur une prime annuelle non versée en 2023. Le syndicat a déjà refusé une proposition de la direction de 5,1% d'augmentation, la jugeant insuffisante. Mais pour Lee Hyeonguk, la lutte va plus loin :
Au-delà des salaires, nous souhaitons instaurer une vraie relation avec la direction, nous voulons être entendus régulièrement.
– Lee Hyeonguk, vice-président du syndicat NSEU
Si le mouvement n'obtient pas gain de cause, le syndicat envisage déjà de nouvelles actions, dont une grève reconductible. Pour l'heure, cette première grève historique marque un tournant dans les relations sociales chez Samsung. Les salariés, novices mais déterminés, apprennent peu à peu à faire valoir leurs droits. Une petite révolution est en marche au sein de ce mastodonte de la tech sud-coréenne.