Facebook face à la délicate gestion des profils des défunts
Imaginez recevoir une notification vous invitant à souhaiter un joyeux anniversaire à un proche... sauf que celui-ci est décédé il y a plusieurs années. C'est la situation délicate à laquelle sont confrontés de nombreux utilisateurs de Facebook, le réseau social peinant à gérer adéquatement les comptes des défunts.
Facebook et la mort numérique : un sujet sensible
La mort d'un proche est toujours une épreuve douloureuse. Mais à l'ère du numérique, cette souffrance peut être ravivée de manière inattendue par des rappels intempestifs sur les réseaux sociaux comme Facebook. Les algorithmes, incapables de faire la différence entre un utilisateur vivant et décédé, continuent d'interagir avec les profils des défunts comme si de rien n'était.
Pour Amanda Silberling, journaliste à TechCrunch, cette situation est d'autant plus pénible qu'elle a perdu deux amis proches ces dernières années. Leurs anniversaires tombant début juillet, elle a reçu à deux reprises des notifications lui suggérant de leur écrire un message... alors qu'ils ne pourront jamais y répondre.
Facebook ne peut pas appréhender la mort. Tout ce qu'il sait, c'est qu'il y a eu un temps où j'étais souvent taguée sur des photos avec ces personnes et que nous interagissions avec les publications de l'autre.
Amanda Silberling, journaliste à TechCrunch
La difficile gestion de l'héritage numérique
Face à cette problématique grandissante, Facebook a mis en place dès 2015 un système permettant de transformer un profil en compte de commémoration, et de désigner un contact légataire pour le gérer. Mais dans les faits, peu d'utilisateurs anticipent leur mort numérique, et les familles ignorent souvent l'existence de ces outils.
De plus, la décision de transformer un profil en mémorial n'est pas anodine. Pour certains proches, cela revient à accepter la réalité de la perte et à "figer" la présence numérique de l'être aimé. Un processus qui peut s'avérer très douloureux émotionnellement.
Repenser notre rapport à la mort à l'ère numérique
Au-delà de la gestion technique des comptes, la question de la mort numérique interroge plus profondément notre rapport à la fin de vie et au deuil. Nos identités en ligne sont devenues le reflet de qui nous sommes, de nos liens affectifs et sociaux. Leur disparition soudaine peut être vécue comme un déchirement supplémentaire pour les proches.
Il est donc primordial de sensibiliser aux enjeux de l'héritage numérique et d'encourager chacun à exprimer ses volontés de son vivant. Des initiatives comme le coffre-fort numérique ou les directives anticipées permettent de faciliter la transmission et d'éviter des situations douloureuses.
Car au final, si les réseaux sociaux comme Facebook peinent encore à appréhender la mort avec tact et délicatesse, c'est bien à nous, utilisateurs, de prendre conscience de notre empreinte numérique et de ce que nous souhaitons en faire. Un sujet certes difficile, mais ô combien essentiel à l'heure où nos vies se prolongent sur la toile.