Passeport batterie : la voiture électrique et la quête de transparence
Imaginez pouvoir scanner un simple QR code et accéder instantanément à toute l'histoire d'une batterie de voiture électrique, de l'extraction minière au recyclage. C'est la promesse des passeports batterie, une innovation qui devrait révolutionner la transparence et la responsabilité dans l'industrie automobile.
Le passeport batterie, un document d'identité numérique
Dès cette année, le constructeur suédois Volvo dotera son SUV électrique EX90 d'un passeport batterie développé avec la startup britannique Circulor. Gravé dans la portière, un QR code permettra d'accéder à une mine d'informations :
- Données techniques (chimie, capacité, producteur...)
- Empreinte carbone
- Origine et parcours des métaux (cobalt, nickel, lithium...)
- Part de métaux recyclés
Un véritable document d'identité numérique qui sera progressivement enrichi pour répondre à la réglementation européenne. Car dès 2027, un tel passeport sera obligatoire pour toutes les batteries de véhicules électriques mis sur le marché en Europe.
Tracer du minerai au recyclage
L'objectif est de fournir une information transparente et fiable sur toute la vie d'une batterie. Un vrai défi quand on sait qu'une batterie peut contenir jusqu'à 12 métaux différents, chacun passant par de multiples étapes de transformation. Volvo et Circulor ont dû passer 5 ans à cartographier minutieusement la chaîne d'approvisionnement.
Les constructeurs connaissent leurs fournisseurs directs, mais rarement ceux de deuxième ou troisième rang, des chaînes qui changent souvent.
Douglas Johnson Poensgen, PDG de Circulor
Pour garantir l'authenticité et la sécurité des données, la plupart des solutions s'appuient sur la blockchain. Circulor crée ainsi un jumeau numérique de chaque matériau, horodaté à chaque transaction pour éviter les fraudes. De son côté, Atos a lancé sa solution avec la fondation allemande IOTA.
Vers davantage de responsabilité et de durabilité
Au-delà de la conformité réglementaire, le passeport batterie est un outil puissant pour renforcer la responsabilité des constructeurs. Face à la pression sur les métaux critiques et les minerais de conflit, il permettra de prouver des approvisionnements durables et éthiques. L'empreinte carbone sera aussi un critère clé.
La traçabilité profitera aussi à la seconde vie et au recyclage des batteries. En connaissant précisément l'historique et l'état de santé d'une batterie, on pourra mieux évaluer son potentiel de reconditionnement ou la diriger directement vers le recyclage.
Bien sûr, la route est encore longue. Malgré des progrès constants, la plupart des projets restent à un stade pilote. Il faudra embarquer plus largement les acteurs et prévenir les tentatives de fraude. Mais le mouvement est lancé. Après les batteries, certains évoquent déjà des passeports pour l'acier ou l'aluminium.
Vers une surveillance généralisée des produits et matériaux ? Une tendance de fond pour réconcilier industrie et durabilité, en attendant peut-être un jour un passeport CO2 individuel. Le défi de la transparence ne fait que commencer.