Fisker : Un Nouveau Départ Malgré les Obstacles Juridiques
Au cœur de l'été, le constructeur automobile Fisker fait face à des vents contraires alors qu'il tente de se redresser suite à sa mise en faillite. Un accord de vente crucial pour écouler son stock de SUV électriques Ocean se heurte à l'opposition d'un acteur majeur : le bureau du syndic des États-Unis, une branche du département de la Justice. Cette objection menace de faire dérailler ce qui semblait être la meilleure chance pour Fisker de rembourser en partie ses créanciers et maintenir sa procédure de redressement en vie.
Un Soutien Large Malgré l'Opposition
Malgré cette opposition, Fisker bénéficie d'un large soutien pour cet accord qui pourrait rapporter jusqu'à 46,25 millions de dollars. La société American Lease, qui fournit des services aux chauffeurs VTC dans la région de New York, s'est engagée à acquérir tous les SUV Ocean configurés pour le marché nord-américain. Cet accord est approuvé par le plus gros prêteur garanti de Fisker ainsi que par le comité des créanciers non garantis, qui représente des parties comme le fabricant sous contrat Magna. Même la nouvelle association des propriétaires de Fisker soutient la vente, moyennant des garanties sur la disponibilité des pièces détachées et une clarification sur la gestion d'un rappel lié à la pompe à eau de l'Ocean.
Un Tampon Financier Vital
Pour Fisker, cette vente est indispensable afin de fournir un tampon financier permettant de maintenir la procédure de faillite en vie pendant que les créanciers se disputent le reste des actifs. D'autant plus que l'étendue et la valeur des autres actifs de Fisker restent encore floues. Si la startup a déclaré un total d'actifs compris entre 500 millions et 1 milliard de dollars, elle a demandé au tribunal de retarder la publication de ces informations car elles sont encore en cours de compilation.
Les Griefs du Syndic
Dans son dossier soumis au tribunal des faillites du Delaware, le bureau du syndic a détaillé ses raisons de s'opposer à la vente en l'état. Ses avocats reprochent à Fisker de n'avoir fourni « aucune information » sur ses efforts pour trouver d'autres acheteurs potentiels, sur la façon dont la vente a été commercialisée ou sur la valorisation des véhicules. Ils accusent Fisker de « brader son stock à un acheteur à des prix de solde sans marketing adéquat pour maximiser la valeur ». Ils critiquent également la précipitation de la société pour faire approuver la vente, notamment en programmant une audience d'urgence la veille du 4 juillet.
Fisker a cherché à obtenir une audience de vente pour ses actifs « joyaux de la couronne » avec un préavis d'une semaine pendant un jour férié fédéral et poursuit exclusivement une vente privée à un seul acheteur sans aucun effort pour informer d'autres acquéreurs potentiels.
– Avocats du bureau du syndic des États-Unis
La Course Contre la Montre
Lors d'une précédente audience d'urgence, les avocats de Fisker et son directeur de la restructuration, John DiDonato, avaient expliqué au tribunal qu'une vente rapide était nécessaire pour payer les salaires et maintenir la procédure de faillite en vie. Mais après un interrogatoire serré d'un avocat du syndic, DiDonato et les conseils de Fisker ont réévalué les maigres actifs de la startup. En réduisant certains coûts, notamment les salaires des fondateurs Henrik Fisker et Geeta Gupta-Fisker à 1 dollar, ils ont estimé pouvoir attendre une ou deux semaines supplémentaires pour permettre davantage de contributions sur la vente.
Des Questions en Suspens
Le bureau du syndic a également demandé plus d'informations sur les raisons pour lesquelles American Lease avait initialement accepté, le 30 mai, avant la faillite, d'acheter 2 000 Ocean à un prix moyen bien plus élevé, ce qui aurait rapporté environ 40 millions de dollars à Fisker. Des interrogations persistent sur ce changement soudain des conditions de l'accord.
Malgré la révélation d'un autre acheteur potentiel lors de la dernière audience le 9 juillet, le comité des créanciers non garantis affirme désormais soutenir la vente à American Lease, estimant que les SUV Ocean ont été correctement commercialisés et que l'accord actuel maximise la valeur pour toutes les parties prenantes.
Un Avenir en Pointillé
L'avenir de Fisker reste donc suspendu à la décision que prendra le juge du tribunal des faillites du Delaware lors de l'audience prévue ce mardi. Si la vente est approuvée, la startup pourra souffler un peu et se concentrer sur son redressement. Mais si l'objection du syndic est retenue, Fisker devra rapidement trouver une alternative pour générer des liquidités et éviter la liquidation totale. Un nouveau chapitre décisif s'ouvre pour le constructeur automobile, qui devra faire preuve de résilience et de créativité pour se réinventer et reconquérir la confiance du marché et des consommateurs.