Metex : un échec pour la biotech industrielle malgré le sauvetage d’Amiens
Le monde de la biotechnologie industrielle retient son souffle. Malgré le sauvetage in extremis du site historique de Metex à Amiens et de la majorité des emplois qui y sont rattachés, l'abandon du projet initial de l'entreprise sonne comme un nouvel échec pour un secteur en quête de succès industriels. Cette annonce soulève des questions sur la capacité des biotechs à révolutionner durablement l'industrie chimique.
Amiens sauvé, mais le rêve biotech de Metex brisé
Lorsque Metabolic Explorer, plus connue sous le nom de Metex, avait repris en 2021 l'usine historique d'Ajinomoto à Amiens, l'objectif était clair : en faire un lieu d'industrialisation de nouveaux procédés biotechnologiques développés par la R&D de l'entreprise. Las, ce beau projet a tourné court. Placé en liquidation judiciaire, le site a certes été repris par le groupe Avril, mais ce dernier compte recentrer l'activité sur la production d'acides aminés de fermentation, dont la lysine biosourcée, abandonnant les autres molécules innovantes envisagées par Metex.
Nous avions deux objectifs essentiels : préserver les emplois et l'outil industriel. C'est chose faite aujourd'hui.
Roland Lescure, ministre délégué chargé de l'Industrie
Si 315 emplois ont ainsi été sauvés, c'est bien le projet biotech de Metex qui est passé à la trappe, la reprise par Avril ne concernant que les installations industrielles. Exit donc la R&D et les dizaines de chercheurs qui planchaient sur les procédés du futur. Un remake au goût amer du sort de l'autre site de Metex, Carling en Moselle, également en liquidation et dont seules les infrastructures intéressent le repreneur canadien.
Les défis de l'industrialisation des biotechs
Le parcours chaotique de Metex illustre les difficultés rencontrées par de nombreuses entreprises de biotechnologie pour concrétiser leurs innovations à l'échelle industrielle. Transformer des avancées de laboratoire en procédés viables et compétitifs relève souvent du chemin de croix, entre les défis techniques, les investissements colossaux et un marché pas toujours au rendez-vous.
Metex n'est malheureusement pas un cas isolé. D'autres pionniers comme Myriant, BioAmber ou Deinove ont également connu des fortunes diverses, quand les géants des biotechs comme Ginkgo Bioworks voient leur valorisation fondre. Autant de signaux inquiétants pour une filière qui peine encore à s'imposer face à la chimie traditionnelle issue des ressources fossiles.
L'avenir de la chimie verte en question
Pourtant, malgré les échecs, la biotech industrielle reste un enjeu majeur pour la défossilisation et la décarbonation de l'industrie chimique. Produire des spécialités chimiques à partir de ressources renouvelables est un défi que les entreprises du secteur doivent absolument relever pour s'inscrire dans un futur durable.
Certaines sociétés françaises comme Afyren ou Global Bioenergies continuent de porter ce flambeau de la chimie verte, avec des projets ambitieux d'acides organiques biosourcés ou d'isobutène renouvelable. Mais au-delà des techniques, c'est tout un écosystème qui doit se mettre en place, des soutiens publics à la stimulation de la demande, pour donner un véritable élan à ces filières d'avenir.
L'exemple de Metex montre que le chemin est encore long et semé d'embûches. Mais à l'heure des enjeux climatiques et environnementaux, l'industrie chimique n'a plus le choix : elle doit miser sur les biotechnologies pour assurer sa mue verte et sa pérennité. En espérant que les leçons des échecs passés permettront de bâtir les succès de demain.