Contraste saisissant dans l’industrie papetière des Hauts-de-France
L'industrie papetière des Hauts-de-France a vécu un mois de juillet sous le signe du contraste. Alors que Laurent Fischer, patron de Cartonnerie Gondardennes, portait fièrement la flamme olympique, les salariés de la papeterie Ahlstrom de Bousbecque défilaient pour sauver leur usine de la fermeture. Deux réalités diamétralement opposées qui témoignent des défis actuels du secteur.
Laurent Fischer, un patron dans la lumière olympique
Le 3 juillet, Laurent Fischer a eu l'immense honneur de porter la flamme olympique à Lens, dans le Pas-de-Calais. Le dirigeant de CGW Packaging, spécialiste du carton ondulé basé à Wardrecques, a partagé son enthousiasme :
Ce fut un très grand honneur et un immense privilège que de pouvoir porter cette flamme olympique au message universel. Une grande émotion pour moi en ces quelques secondes d'éternité !
Laurent Fischer, sur LinkedIn
Cartonnerie Gondardennes a été choisie par la Banque Populaire du Nord, partenaire de Paris 2024, pour sa gestion exemplaire de l'eau. Une belle reconnaissance pour cette PME engagée, qui produit des papiers et cartons ondulés à partir de matériaux recyclés.
Des salariés d'Ahlstrom mobilisés pour leur avenir
Pendant ce temps, à une centaine de kilomètres de là, l'ambiance était nettement moins à la fête sur le site Ahlstrom de Bousbecque. Soutenus par des élus locaux dont Xavier Bertrand et Gérald Darmanin, les salariés ont battu le pavé pour défendre leurs emplois.
En effet, faute de repreneur d'ici le 26 juillet, date d'ouverture des JO, cette usine de papier sulfurisé est promise à la fermeture. Un coup dur pour la centaine de salariés concernés, la production devant être transférée en Charente. Une situation d'autant plus incompréhensible que l'annonce remonte à avril, laissant peu de temps pour trouver une solution.
Stenay Papers dans la tourmente
Les difficultés ne s'arrêtent pas là pour la filière papetière régionale. Stenay Papers, anciennement détenue par Ahlstrom, a été placée en redressement judiciaire le 5 juillet, un an seulement après son rachat par le fonds allemand Accursia Capital.
Le tribunal de commerce a accordé un sursis de 6 mois pour tenter de trouver un nouveau repreneur et éviter la casse sociale. Un défi de taille vu le contexte actuel.
L'industrie papetière nordiste à la croisée des chemins
Ces situations antagonistes illustrent bien les défis auxquels est confrontée la filière papier-carton des Hauts-de-France :
- Nécessité d'innover et de verdir sa production pour rester dans la course
- Fragilité de certains acteurs face aux mutations du marché
- Importance du soutien des pouvoirs publics et du tissu économique local
Au-delà du symbole, le mois de juillet aura été un révélateur des forces et faiblesses de ce fleuron industriel régional. Aux entreprises et décideurs de se saisir de ces enseignements pour écrire une nouvelle page, plus durable et solidaire, de son histoire.
Car c'est bien d'un sursaut collectif dont la filière papier-carton nordiste a besoin pour sortir de l'ornière et regarder l'avenir avec confiance. En conjuguant performance environnementale, innovation et ancrage territorial, elle dispose de sérieux atouts pour réussir sa mue. A condition que tous les acteurs jouent le jeu, des industriels aux élus en passant par les partenaires sociaux et les citoyens. Un défi à relever ensemble, pour que l'enthousiasme l'emporte durablement sur l'inquiétude.