Les ouvriers de Boeing menacent de faire grève aux États-Unis
Alors que Boeing traverse une zone de fortes turbulences, le géant américain doit désormais faire face à un nouveau défi de taille : la menace d'une grève massive de ses ouvriers. Le 17 juillet dernier, près de 30 000 salariés syndiqués des usines Boeing situées dans les États de Washington et de l'Oregon ont voté à une écrasante majorité de 99,9% en faveur d'une grève, si les négociations sur leur nouveau contrat de travail venaient à échouer d'ici mi-septembre.
Le rapport de force a changé
Membres de l'influent syndicat International Association of Machinists and Aerospace Workers (IAM), les ouvriers concernés travaillent notamment sur les chaînes d'assemblage des Boeing 737 MAX à Renton et Everett. Historiquement, Boeing a souvent obtenu des concessions importantes de la part de ses salariés en brandissant la menace de délocaliser la production. Mais cette fois, la donne a changé.
Encouragés par la pénurie de main d'œuvre qualifiée et les déboires à répétition de leur direction, les ouvriers se sentent en position de force pour réclamer des avancées significatives :
- Une hausse de salaire de 40% étalée sur 4 ans
- Le retour à l'ancien système de retraites, plus généreux
- L'engagement de maintenir la production du 737 MAX dans l'État de Washington
Boeing au pied du mur
Si ces revendications étaient satisfaites, elles pèseraient lourdement sur les finances déjà mal en point de Boeing, fragilisé par le recul des ventes. Mais un mouvement de grève serait encore pire, ravageant la crédibilité de l'avionneur auprès de ses clients et fournisseurs. Cela perturberait gravement les efforts de la direction pour réformer et rationaliser les processus de production, mis à mal par de multiples défaillances techniques.
Dans le silence des ateliers, la direction nous entendra mieux.
Jon Holden, président du syndicat IAM
Des revendications au-delà du social
Au-delà des aspects salariaux, les ouvriers syndiqués de Boeing veulent aussi peser sur la gouvernance et la stratégie de l'entreprise. Ils exigent désormais un siège au conseil d'administration et que les enjeux de qualité et de sécurité des avions soient formellement intégrés aux plans de production, en réaction aux divers scandales ayant éclaboussé le groupe.
La direction de Boeing a jusqu'à la mi-septembre pour trouver un terrain d'entente avec ses salariés mécontents. Faute de quoi, une grève pourrait être déclenchée après deux votes supplémentaires des syndiqués. Un scénario noir pour l'avionneur américain, dont la réputation et la santé financière sont déjà bien mal en point. L'été s'annonce électrique à Seattle.