Orano renforce sa gestion de crise après une fuite d’acide
Le 8 juillet dernier, une fuite de 43 m3 d'acide nitrique s'est produite sur une cuve du site Orano Recyclage de La Hague, dans la Manche. Si l'incident a été maîtrisé rapidement grâce au professionnalisme des équipes et n'a pas eu d'impact sur l'environnement, il soulève néanmoins d'importantes questions en matière de sûreté nucléaire et de maintenance industrielle.
Retour sur les faits
Ce samedi matin, l'équipe d'astreinte a détecté une fuite d'acide nitrique sur la cuve 240 du parc de stockage d'uranium. Cet acide est utilisé dans le procédé de recyclage du combustible usé. Environ 600 personnes ont été évacuées et la production a été stoppée pendant 3 jours.
L'origine de la fuite ? Une vanne de pied de cuve non conforme, victime d'une corrosion extrêmement rapide du fait d'un mauvais choix de matériau. L'acide s'est écoulé dans un bac de rétention prévu à cet effet, évitant toute pollution.
Une gestion de crise rodée
Comme l'explique Stéphanie Gaiffe, directrice du site depuis mai 2023, les équipes sont extrêmement bien préparées pour faire face à ce type de situation :
Sur cette usine, toutes les semaines, 150 personnes sont d'astreinte. Elles sont formées spécifiquement à la gestion d'une crise. On a des procédures. On les déroule. On s'entraîne énormément.
Stéphanie Gaiffe, directrice du site Orano La Hague
C'est ce qui a permis de réagir très rapidement pour mettre le personnel et les installations en sécurité. L'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a d'ailleurs salué la bonne gestion de crise.
Des améliorations attendues
L'incident a cependant mis en évidence des failles, notamment au niveau de la maintenance. L'ASN a demandé à Orano de mener sans délai plusieurs actions :
- Examiner ses 27 cuves de matières dangereuses et leur confinement.
- Revoir le processus de maintenance des vannes et la gestion des pièces de rechange.
- Renforcer la maîtrise des barrières de sécurité lors des interventions.
- Mieux contrôler les effluents collectés au coeur du site.
Orano a deux mois pour se mettre en conformité. Un vaste chantier qui illustre les défis constants de sûreté auxquels est confrontée l'industrie nucléaire.
Le nucléaire, un enjeu de souveraineté énergétique
Au-delà des aspects techniques, cet événement rappelle le rôle crucial du site de La Hague. En permettant de recycler le combustible usé pour le réutiliser dans les centrales, il est un maillon essentiel du cycle du nucléaire français.
Dans un contexte de transition énergétique où la France mise sur l'atome pour atteindre la neutralité carbone, la sûreté de telles installations est plus que jamais un enjeu de souveraineté. Les investissements massifs prévus pour moderniser l'outil industriel d'Orano doivent être à la hauteur.
Car comme le montre cet incident, aussi bien gérée soit elle, une fuite dans l'industrie nucléaire n'est jamais anodine. C'est une vigilance de tous les instants et une amélioration continue des processus qui permettront de la maintenir au plus haut niveau d'exigence en matière de sûreté et de protection de l'environnement.