BNP Paribas vise la concurrence impitoyable de la City
La City de Londres, l'une des principales places financières au monde, est un marché aussi attractif que compétitif pour les banques d'investissement. BNP Paribas, premier groupe bancaire de la zone euro, compte bien y jouer des coudes pour se faire une place parmi les géants anglo-saxons et américains qui règnent en maîtres. Un défi de taille pour la banque française qui mise sur le conseil en fusions-acquisitions et le "corporate broking" pour percer sur ce marché.
BNP Paribas muscle son jeu dans le conseil en fusions-acquisitions
Pour conquérir des parts de marché, BNP Paribas a renforcé ses équipes de fusions et acquisitions à Londres, passant de 1 à 13 banquiers en quelques années. Des recrutements ciblés, comme celui de Kirshlen Moodley, venu de JPMorgan pour diriger l'équipe de M&A, ou encore Tom Snowball, ex-UBS, pour mener l'équipe de marchés de capitaux.
Ces efforts commencent à payer. Alors qu'en 2022, BNP pointait à une modeste 130ème place en volume de transactions dans le classement de Dealogic, elle a grimpé à la 36ème place en 2023. Depuis le début 2024, la banque française occupe même le 8ème rang. Une belle progression qui doit encore se confirmer.
Un coup d'éclat avec Royal Mail
BNP Paribas a réussi un joli coup en début d'année en étant sélectionnée, aux côtés de deux mastodontes de Wall Street, pour conseiller le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky dans son OPA sur Royal Mail, un dossier de plus de 4 milliards d'euros. Un mandat prestigieux qui montre que la banque française est prise au sérieux sur les méga-deals.
Plutôt qu'une part de marché spécifique, pour moi la progression est de devenir l'un des suspects habituels.
– Matthew Ponsonby, responsable de la banque globale de BNP au Royaume-Uni
Monter en puissance dans le "corporate broking"
Autre axe stratégique de BNP Paribas : développer son activité de "corporate broking", un service typiquement britannique de conseil aux entreprises cotées. Il s'agit d'une relation de long terme pour les accompagner dans leur stratégie boursière et leurs relations avec les investisseurs.
C'est un marché très concurrentiel, dominé par les banques anglo-saxonnes. BNP est passée d'un seul client en corporate broking en 2020 à sept en 2023, dont des entreprises renommées comme easyJet ou Coca-Cola Europacific Partners. Cela représente une capitalisation boursière cumulée de 50 milliards de livres, plaçant BNP au 14ème rang au Royaume-Uni. Encore loin des leaders comme Morgan Stanley ou JPMorgan, mais la banque française progresse.
Miser sur la croissance organique plutôt que les rachats
Contrairement à certains concurrents qui ont fait l'acquisition de courtiers britanniques pour doper leur activité de corporate broking (comme JPMorgan rachetant Cazenove ou Deutsche Bank s'offrant Numis), BNP Paribas a fait le choix de miser sur une croissance 100% organique.
- Renforcer les équipes en interne, avec des recrutements ciblés
- Développer les services et la base de clientèle étape par étape
- Capitaliser sur l'expertise et le réseau de la banque, sans racheter de boutiques
Une stratégie plus lente mais qui commence à porter ses fruits. BNP Paribas s'affirme progressivement comme un challenger crédible face aux poids lourds de la City. Son ambition : devenir incontournable sur le marché londonien des fusions-acquisitions et du corporate broking. La route est encore longue mais la banque française a de sérieux atouts dans sa manche pour y arriver.