Le ralentissement des embauches de développeurs au Canada
Le vent a tourné pour les développeurs au Canada. Après des années fastes pendant la pandémie où ils étaient courtisés de toutes parts, le marché de l'emploi tech montre des signes inquiétants de ralentissement. Pourquoi un tel retournement de situation et quelles en sont les implications pour l'écosystème des startups ? Décryptage.
La fin de l'âge d'or pour les développeurs ?
Ces dernières années, les développeurs étaient rois sur le marché de l'emploi canadien. Les entreprises tech en hyper-croissance se les arrachaient à coups de salaires mirobolants et d'avantages en tout genre. Mais cet âge d'or semble désormais révolu, si l'on en croit les derniers chiffres d'Indeed:
« C'était un marché de vendeurs pendant la pandémie [...] Ils ont embauché en prévision d'une croissance qui ne s'est jamais matérialisée. C'est maintenant un marché d'acheteurs. »
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Concrètement, cela se traduit par une baisse significative des offres d'emploi pour les développeurs logiciels. Sur Indeed US, leur nombre a chuté de près de 30% entre mars 2022 et 2023. Un retournement brutal qui s'explique par plusieurs facteurs.
Anticipations de croissance non réalisées
Dopées par la numérisation accélérée pendant le Covid, de nombreuses startups tech ont anticipé une croissance exponentielle. Elles ont massivement recruté des développeurs pour soutenir cette expansion. Problème : les prévisions étaient souvent trop optimistes et la croissance n'a pas été au rendez-vous. Résultat, ces entreprises se retrouvent en sureffectif côté tech.
Récession et « hiver du capital risque »
Dans le même temps, la conjoncture économique s'est fortement dégradée. Inflation, hausse des taux d'intérêt, récession... L'environnement est peu propice aux startups. Les investisseurs en capital risque se montrent plus frileux et resserrent les cordons de la bourse, poussant les jeunes pousses à réduire leurs coûts. Et quand il faut faire des économies, les développeurs en font souvent les frais.
Évolution des priorités business
Enfin, de nombreuses entreprises ont revu leurs priorités stratégiques. Après une phase de forte expansion où il fallait à tout prix développer de nouvelles fonctionnalités, place à la consolidation. L'heure est à l'optimisation et la rentabilisation des produits existants, ce qui nécessite moins de développeurs.
Les conséquences pour l'écosystème tech canadien
Ce coup de frein sur les embauches tech n'est pas sans conséquence pour les startups canadiennes. Elles qui peinaient il y a peu à recruter les développeurs nécessaires à leur croissance se retrouvent avec des équipes surdimensionnées. On assiste ainsi à une vague de licenciements dans le secteur, y compris chez les géants comme Shopify.
Mais à moyen terme, ce réajustement du marché de l'emploi pourrait aussi avoir des effets bénéfiques :
- Une modération des salaires et un meilleur équilibre offre/demande
- Un focus renforcé sur la profitabilité et la viabilité des business models
- Une prime aux startups résilientes et agiles dans un contexte économique difficile
Il n'en reste pas moins que le ralentissement des embauches tech constitue un coup dur pour l'écosystème canadien des startups. Il devra s'adapter à ce nouvel environnement et trouver de nouveaux leviers de croissance, au-delà du seul recrutement de développeurs à tout va. Un défi de taille, mais aussi une opportunité de se réinventer.
Une chose est sûre : le marché de l'emploi tech au Canada est en train de profondément se transformer. Après la surchauffe et l'euphorie, place à plus de mesure et de pragmatisme. Les développeurs, eux, devront s'habituer à être un peu moins courtisés. Mais leur expertise restera plus que jamais recherchée, alors que la transformation numérique s'accélère au pays. Tout l'enjeu sera pour les entreprises de recruter les bons profils, ni trop ni pas assez, au bon salaire. En somme, de trouver le juste équilibre pour maintenir leur compétitivité dans la nouvelle donne économique. Pas une mince affaire, assurément.