Reconnaissance faciale dans les aéroports américains : opt-out possible
Imaginez un voyage où, au lieu de présenter votre passeport, votre visage devient votre laissez-passer. C'est la réalité qui se dessine dans les aéroports américains, où plus de 230 d'entre eux ont déjà déployé la reconnaissance faciale pour scanner le visage des voyageurs avant l'embarquement. Une avancée technologique qui ne fait pas l'unanimité, soulevant des questions sur la vie privée et les libertés individuelles. Mais saviez-vous que les citoyens américains ont le droit de dire non à ce dispositif ?
La reconnaissance faciale, une efficacité au prix de la vie privée ?
Le gouvernement vante les mérites de la reconnaissance faciale, arguant qu'elle réduit les billets papier et fluidifie le parcours des voyageurs. Mais cette technologie reste imparfaite et controversée. Des problèmes techniques et de fiabilité ont entaché son déploiement initial, et des tests indépendants ont remis en cause l'efficacité des algorithmes, moins performants sur les visages non blancs.
Au-delà des considérations techniques, ce sont surtout les enjeux de vie privée et les questions juridiques qui inquiètent. Car ce ne sont pas les autorités frontalières qui collectent directement les données biométriques, mais les compagnies aériennes elles-mêmes, avant de les transmettre au gouvernement pour vérifier les passagers par rapport aux listes de surveillance.
Le droit de dire non à la reconnaissance faciale
Face à ces préoccupations légitimes, il est important de rappeler que les citoyens américains ont le droit de refuser ce dispositif. Comme le précise le site web des douanes américaines (CBP) :
Les citoyens américains qui ne souhaitent pas se soumettre à la capture de photos faciales dans le cadre de ces processus peuvent demander un traitement alternatif, qui implique généralement un examen manuel de leurs documents de voyage par un agent.
– U.S. Customs and Border Protection (CBP)
Concrètement, pour faire valoir votre droit à l'opt-out, il suffit de le signaler à un agent ou un employé de la compagnie aérienne au moment du scan facial. Ils procéderont alors à une vérification manuelle de votre passeport et carte d'embarquement, comme c'était le cas avant l'introduction de la reconnaissance faciale. Un processus qui peut se répéter à plusieurs reprises, de votre arrivée à l'aéroport jusqu'à votre siège dans l'avion.
Un droit réservé aux citoyens américains et résidents permanents
Il est important de noter que seuls les citoyens américains et les résidents permanents (titulaires d'une carte verte) peuvent refuser la reconnaissance faciale sur les vols internationaux au départ des États-Unis. Pour les vols intérieurs, tout le monde peut s'y opposer, quelle que soit sa nationalité.
En revanche, les voyageurs étrangers ne disposent pas de ce droit d'opt-out, à quelques exceptions près comme les citoyens canadiens n'ayant pas besoin de visa ou les titulaires de visas diplomatiques. Pour tous les autres, le scan facial est obligatoire.
Faire valoir son droit à l'opt-out, un acte de vigilance
Bien que les aéroports soient supposés afficher clairement la possibilité de refuser la reconnaissance faciale, ce n'est pas toujours le cas dans la pratique. Les panneaux peuvent être absents ou peu visibles. C'est pourquoi, comme le souligne l'Electronic Frontier Foundation, une association de défense des libertés numériques, "faire valoir son droit à l'opt-out demande de la vigilance de la part des voyageurs".
Au-delà de l'exercice de ce droit individuel, c'est aussi un acte symbolique fort pour affirmer l'importance de la vie privée face au déploiement de technologies de surveillance toujours plus intrusives. Car si la reconnaissance faciale peut apporter des bénéfices en termes d'efficacité et de fluidité, elle ne doit pas se faire au prix de nos libertés fondamentales.
Alors la prochaine fois que vous vous envolerez depuis un aéroport américain, n'oubliez pas que vous avez le choix. Votre visage ne doit pas devenir votre passeport par défaut. C'est à vous de décider si vous consentez ou non à cette nouvelle forme de contrôle biométrique. Un petit geste pour le passager, un grand pas pour la protection de la vie privée à l'ère du tout numérique.