Meta paie 1,4 milliard de dollars pour régler un litige sur la reconnaissance faciale
1,4 milliard de dollars. C'est la somme faramineuse que Meta, maison mère de Facebook, a accepté de payer pour mettre un terme à un litige de longue date avec l'État du Texas concernant son utilisation passée de la technologie de reconnaissance faciale. Un montant record qui souligne l'ampleur des enjeux autour de la protection de la vie privée à l'ère du tout numérique.
Le lourd passif de Facebook en matière de reconnaissance faciale
L'histoire remonte à 2011, lorsque Facebook a déployé auprès de ses utilisateurs américains une fonctionnalité d'aide à l'identification des visages sur les photos, appelée "Tag Suggestions". Un outil pratique en apparence, mais qui cachait en réalité un système de collecte massive de données biométriques à l'insu des personnes concernées.
Selon l'accusation, ce sont les photos et vidéos de millions d'utilisateurs qui auraient ainsi été passées au crible des algorithmes de reconnaissance faciale de Facebook, sans information ni consentement adéquats. Un traitement jugé contraire aux lois texanes sur la protection de la vie privée.
Après avoir poursuivi avec vigueur la justice pour nos citoyens dont les droits à la vie privée ont été violés par l'utilisation de logiciels de reconnaissance faciale par Meta, je suis fier d'annoncer que nous avons obtenu le plus gros règlement jamais obtenu d'une action intentée par un seul État.
Ken Paxton, procureur général du Texas
Une réaction tardive de Meta
Face à la polémique grandissante et aux menaces de poursuites, Facebook avait fini par rendre la fonctionnalité explicitement optionnelle en 2019. Puis en 2021, Meta annonçait purement et simplement la suppression de son système de reconnaissance faciale et la suppression des données biométriques accumulées sur plus d'un milliard d'utilisateurs.
Mais le mal était fait. L'affaire texane n'est d'ailleurs pas isolée : en 2021, Facebook avait déjà dû payer 650 millions de dollars dans le cadre d'un accord amiable suite à un recours collectif sur le même sujet en Illinois.
L'épineux débat autour de la reconnaissance faciale
Au-delà du cas Facebook, cette affaire illustre la sensibilité croissante du public et des autorités aux questions de vie privée et de protection des données personnelles face aux géants de la Tech. La reconnaissance faciale cristallise beaucoup d'inquiétudes, tant son potentiel d'usage intrusif ou abusif apparaît important.
La reconnaissance faciale est un outil puissant (...) Mais nous devons peser les avantages potentiels de cette technologie par rapport aux préoccupations croissantes qu'elle soulève.
Jerome Pesenti, VP de l'IA chez Meta
Sous pression, de nombreuses entreprises font aujourd'hui marche arrière ou adoptent des approches plus prudentes et respectueuses de la vie privée. De leur côté, les législateurs multiplient les initiatives pour mieux encadrer le déploiement de ces technologies, à l'image du futur AI Act européen.
Les leçons pour Meta et le secteur
Avec cet accord hors norme, Meta espère tourner la page des controverses liées à la reconnaissance faciale. Mais le coût est lourd, financièrement et en termes d'image.
Une leçon pour tous les acteurs de l'industrie : à l'heure où les géants de la Tech sont plus scrutés que jamais, personne ne peut plus se permettre le moindre faux pas en matière de protection des données personnelles. La confiance des utilisateurs et des autorités sera longue à reconstruire.