L’Allemagne face au défi de l’emploi en 2024
En ce mois de juillet 2024, le marché du travail allemand montre des signes de faiblesse. Selon les derniers chiffres de l'Office fédéral du travail, le nombre de chômeurs a augmenté de 18 000 en données corrigées des variations saisonnières, soit plus que les prévisions des analystes. Cependant, le taux de chômage est resté stable à 6%, identique à juin. Comment expliquer cette situation paradoxale ? Quels sont les défis auxquels fait face le marché de l'emploi outre-Rhin ?
Une économie allemande en berne
Pour comprendre la situation de l'emploi, il faut d'abord analyser l'état de santé de l'économie allemande. Et le diagnostic n'est guère réjouissant. La première économie européenne peine à se relever après avoir frôlé la récession en début d'année. Au deuxième trimestre 2024, le PIB allemand a reculé de 0,1% selon l'office fédéral des statistiques.
Plusieurs facteurs expliquent ces difficultés :
- Des coûts élevés de l'énergie qui pèsent sur les entreprises
- Une faiblesse de la demande mondiale en raison du ralentissement économique international
- Des taux d'intérêt en hausse qui freinent l'investissement
Cette morosité économique a un impact direct sur le marché du travail. Daniel Terzenbach, de l'Office fédéral du travail, le souligne sans détour :
La faible croissance économique pèse sur le marché du travail. Au début des vacances d'été, le chômage et le sous-emploi ont augmenté plus fortement que d'habitude.
Un paradoxe apparent
Pourtant, malgré cette hausse du chômage, le taux reste stable à 6%. Comment expliquer ce paradoxe ? D'abord, il faut noter que le chômage n'a pas explosé. Avec 18 000 personnes supplémentaires sans emploi, la hausse est certes plus forte que prévu mais reste mesurée.
De plus, le marché du travail allemand fait preuve d'une certaine résilience. Le taux de chômage de 6% reste inférieur à la moyenne de la zone euro (6,5% en juin). L'Allemagne peut aussi compter sur des stabilisateurs économiques et sociaux plus robustes que d'autres pays, ce qui amortit l'impact de la crise.
Des signaux préoccupants
Néanmoins, plusieurs indicateurs incitent à la vigilance pour les mois à venir. Selon l'Office fédéral du travail, les offres d'emploi ont reculé de 69 000 sur un an, à 703 000 en juillet. Les entreprises, face aux incertitudes économiques, sont plus frileuses pour embaucher.
De même, le chômage partiel repart à la hausse dans l'industrie. Plusieurs grandes entreprises, comme le chimiste BASF, ont annoncé y recourir pour faire face à la baisse d'activité. Un signe supplémentaire de la fragilité de l'économie allemande.
Quelles perspectives pour l'emploi en Allemagne ?
À court terme, la situation risque de rester compliquée sur le marché du travail allemand. Les prévisions de croissance pour 2024 ont été revues à la baisse et beaucoup d'économistes craignent une récession.
À plus long terme cependant, l'Allemagne conserve des atouts indéniables :
- Un tissu industriel solide, notamment dans des secteurs clés comme l'automobile ou la chimie
- Une main d'œuvre qualifiée et productive
- Des efforts engagés pour relever les défis des transitions écologique et numérique
Le gouvernement a aussi annoncé des mesures de soutien à l'économie et à l'emploi. Il mise notamment sur les investissements dans les infrastructures, la formation et la recherche pour doper la croissance. L'objectif : que l'Allemagne sorte renforcée de cette période difficile et redevienne le moteur économique de l'Europe.
Ainsi, malgré une conjoncture compliquée, le marché du travail allemand résiste. Mais les défis sont nombreux pour renouer avec une croissance solide et durable, seule à même de stimuler l'emploi sur le long terme. L'Allemagne joue gros dans les mois à venir pour éviter de s'enfoncer dans la crise et préserver son modèle économique et social.
