Rémi Cardon : pour une French Tech plus inclusive et populaire
Vent de changement sur la French Tech ? Avec l'arrivée potentielle du Nouveau Front populaire (NFP) à Matignon, l'écosystème des start-up s'inquiète d'une politique moins favorable à l'innovation. Mais le sénateur socialiste Rémi Cardon, lui, y voit l'opportunité de bâtir une « French Tech populaire », plus inclusive et orientée vers l'impact social et environnemental.
Un virage responsable pour l'écosystème
Pour le sénateur de la Somme, pas question de démanteler ce qui a été construit ces dernières années. « La politique d'Emmanuel Macron a créé une dynamique et nous entendons la préserver », rassure-t-il. Mais il souhaite lui donner « plus de sens et d'impact », en orientant par exemple l'argent public vers les fonds d'investissement dits "article 9", présentant un objectif d'investissement durable. Une proposition choc.
Je suis pour un numérique populaire, qui ne suscite pas un sentiment de déclassement. Les gens ne doivent pas se dire que la politique est faite pour une élite à Station F.
Rémi Cardon, sénateur de la Somme
Sortir du modèle des licornes
Autre cheval de bataille de l'élu : rendre la French Tech plus inclusive. Il regrette que le macronisme ait poussé à l'extrême « le modèle des licornes », ces start-up valorisées à plus d'un milliard. « Il y a de belles réussites, mais la French Tech ne doit pas se résumer à cela », estime-t-il, appelant à ce que les entreprises tech « créent des emplois et de la valeur pour une majorité ».
Une critique qui émerge aussi en interne, comme chez France Digitale qui plaide pour « une French Tech plus inclusive, tournée vers la résolution des grands enjeux climatiques ». Rémi Cardon suggère même de créer « un écosystème de l'économie sociale et solidaire à l'intérieur de la French Tech ».
Résorber la fracture numérique
Infrastructure, souveraineté, inclusion… Les chantiers ne manquent pas pour bâtir une tech plus responsable et ancrée dans les territoires. « Il faut envoyer des signaux forts sur le développement technologique des territoires », martèle le sénateur, qui pointe du doigt la fracture numérique : dans son département de la Somme, 26% des habitants n'ont toujours pas de connexion stable !
Parmi ses autres propositions :
- Mettre fin à « l'ubérisation » des travailleurs des plateformes en leur donnant un statut protecteur.
- Renforcer les contrôles et sanctions sur l'affichage de l'indice de réparabilité des appareils électroniques.
- Nommer un ministre du Numérique de plein exercice pour peser dans les arbitrages.
Reste à voir si ce programme sera repris par le NFP. Et s'il accédera un jour à Matignon pour mettre en musique cette French Tech populaire, au service du plus grand nombre. Un sacré virage pour un écosystème longtemps vu comme l'incarnation de la start-up nation.