Intel supprime 15 000 emplois alors que l’IA bouleverse le marché
Le géant américain des semi-conducteurs Intel traverse une passe difficile. Dans un mémo interne révélé jeudi, le CEO Pat Gelsinger annonce un plan de restructuration drastique prévoyant la suppression de pas moins de 15 000 emplois, soit plus de 15% des effectifs. Une décision radicale qui intervient après des résultats décevants au second trimestre et des prévisions moroses pour la fin d'année. En cause : des revenus en berne et des marges sous pression, mais surtout une transition ratée vers l'intelligence artificielle, un marché en plein essor où Intel peine à suivre le rythme imposé par des concurrents comme Nvidia.
Intel face au défi de l'IA : un retard à combler
Il fut un temps où Intel dominait outrageusement le marché des microprocesseurs. Mais alors que l'intelligence artificielle ouvre de nouvelles perspectives, le mastodonte de Santa Clara semble avoir pris du retard. Comme le reconnaît Pat Gelsinger dans son mémo : "Nos revenus n'ont pas augmenté comme prévu – et nous n'avons pas encore pleinement bénéficié de tendances puissantes, comme l'IA". Un constat sans appel qui pousse Intel à des mesures radicales pour retrouver sa compétitivité.
Nvidia, le nouveau roi de l'IA
Pendant qu'Intel peine à prendre le virage de l'IA, son rival Nvidia occupe le terrain avec ses puces ultra-performantes optimisées pour le deep learning. Grâce à des partenariats clés avec les géants de la tech et des investissements massifs en R&D, Nvidia s'est imposé comme le fournisseur de référence pour l'entraînement des grands modèles de langage. Un leadership qui lui permet d'afficher une croissance à deux chiffres et une capitalisation boursière stratosphérique, creusant l'écart avec Intel.
"Nvidia bénéficie à plein de l'engouement pour l'IA, avec une position dominante sur le marché des puces GPU. Intel doit réagir vite s'il veut rester dans la course."
- Stacy Rasgon, analyste chez Bernstein
Des choix stratégiques à revoir
Pour Pat Gelsinger, arrivé aux commandes début 2021, il est urgent de revoir les priorités. Exit les projets non essentiels et les divisions peu rentables. Place aux technologies d'avenir comme l'IA, la 5G ou l'informatique quantique. Mais cette stratégie a un coût social élevé, avec 15 000 emplois supprimés à travers le monde. Un plan qui ne fait pas l'unanimité en interne, beaucoup craignant une perte d'expertise sur le long terme.
Miser sur l'innovation pour rebondir
Malgré ce contexte difficile, Pat Gelsinger veut croire qu'Intel a les moyens de relever le défi. Le groupe prévoit d'investir massivement dans de nouvelles usines aux États-Unis et en Europe pour sécuriser sa production. Il mise aussi sur des partenariats technologiques ambitieux, comme celui noué récemment avec le britannique Arm autour de la conception de puces basse consommation pour l'IA.
Si Intel arrive à exécuter ce changement de cap, il pourrait redevenir un acteur clé de cette révolution technologique majeure qu'est l'intelligence artificielle. Mais le temps presse et la concurrence ne ralentit pas. Les prochains mois s'annoncent décisifs pour le roi déchu des microprocesseurs, sommé de se réinventer pour rester dans la course.
