OpenAI Tempère Ses Ambitions Pour DevDay 2024, Sans GPT-5
L'an dernier, OpenAI avait fait sensation avec une conférence DevDay pleine de nouveautés fracassantes, dont le défunt GPT Store façon App Store. Cette année, changement de ton : la firme de San Francisco revoit ses ambitions à la baisse et préfère miser sur l'engagement de sa communauté de développeurs.
Un DevDay 2024 plus modeste, sans nouvelle IA révolutionnaire
Fini les effets d'annonce, OpenAI joue la carte de la sobriété pour son événement phare. Pas de GPT-5 à l'horizon, ni d'autres IA générative de nouvelle génération. L'entreprise se concentrera plutôt sur les mises à jour de ses API et services destinés aux développeurs, avec des ateliers, démos et témoignages des équipes produit et ingénierie.
Nous ne prévoyons pas d'annoncer notre prochain modèle à DevDay. Nous mettrons davantage l'accent sur la formation des développeurs et la mise en avant des réalisations de la communauté.
– Un porte-parole d'OpenAI
Des sessions DevDay sont prévues le 1er octobre à San Francisco, le 30 octobre à Londres et le 1er novembre à Singapour. Le ticket d'entrée est fixé à 450$, avec des bourses disponibles pour les participants éligibles. Les inscriptions seront clôturées le 15 août.
Peaufiner l'existant plutôt que révolutionner
Ces derniers mois, OpenAI a adopté une approche plus incrémentale que révolutionnaire. La firme s'attache à affiner et optimiser ses outils, pendant qu'elle entraîne en coulisses les successeurs de ses fers de lance GPT-4 et GPT-4o mini.
Des progrès ont été réalisés sur la performance globale des modèles et leur capacité à ne pas partir en vrille. Mais l'avance technique d'OpenAI semble s'être réduite, si l'on en croit certains benchmarks. En cause notamment : la difficulté croissante à dénicher des données d'entraînement de qualité.
Le casse-tête des données d'entraînement
Comme la plupart des IA génératives, les modèles d'OpenAI sont entraînés sur d'immenses volumes de données glanées sur le web. Or, les créateurs de contenus sont de plus en plus nombreux à restreindre l'accès à leurs données, par crainte de plagiat ou pour obtenir rémunération.
Résultat : plus d'un tiers des 1000 sites web les plus importants bloquent aujourd'hui le robot d'indexation d'OpenAI. Et environ 25% des données de sources "haute qualité" ont disparu des grands jeux de données servant à entraîner les IA, d'après une étude du MIT.
Si cette tendance se poursuit, les développeurs pourraient manquer de données pour entraîner les IA génératives entre 2026 et 2032.
– Rapport du groupe de recherche Epoch AI
Face à ce risque, et pour parer d'éventuels procès sur le droit d'auteur, OpenAI a dû conclure de coûteux accords de licence avec des éditeurs et courtiers en données. Ce qui grève un peu plus une entreprise déjà largement déficitaire, entre les milliards engloutis dans l'entraînement des modèles et les salaires mirobolants de ses chercheurs stars.
Rassurer sur la sécurité de l'IA
En levant le pied sur les annonces fracassantes, OpenAI espère aussi faire oublier certaines controverses. L'entreprise a été critiquée pour son usage de données protégées par le droit d'auteur, ses clauses de confidentialité draconiennes imposées aux employés, ou encore sa tendance à évincer les chercheurs en sécurité posant des questions gênantes.
En adoptant un rythme plus mesuré, OpenAI envoie le signal qu'elle ne sacrifie pas la sécurité de l'IA sur l'autel de la performance. Un message important au moment où les régulateurs s'emparent du sujet, et où l'opinion publique s'inquiète d'un emballement de l'IA générative.
Bref, pour OpenAI, ce DevDay 2024 en demi-teinte est peut-être un mal pour un bien. L'occasion de resserrer les boulons, de chouchouter son écosystème de développeurs, et de rassurer sur ses priorités. En attendant de repartir de plus belle dans la course à l'IA générative, armée de nouveaux modèles révolutionnaires… Mais pas cette année !
