Lucid Motors : Un Financement Massif de 1,5 Milliard de Dollars
Dans l'univers trépidant des startups de véhicules électriques, Lucid Motors fait les gros titres avec un nouveau financement massif de 1,5 milliard de dollars provenant d'un allié de poids : le fonds souverain d'Arabie Saoudite. Une bouffée d'oxygène pour cette jeune pousse ambitieuse, mais qui soulève des interrogations quant à sa dépendance envers ce généreux mécène.
Un partenariat crucial mais risqué
L'Arabie Saoudite, via son fonds souverain, est déjà l'actionnaire majoritaire de Lucid Motors. Ce nouveau financement de 1,5 milliard de dollars, annoncé lundi, vient renforcer encore ces liens étroits. Une moitié prend la forme d'un placement privé, l'autre d'un prêt. Le royaume s'est aussi engagé à acheter au moins 50 000 véhicules Lucid dans les années à venir et aide la startup à construire une toute nouvelle usine sur son sol.
Pourtant, en mars dernier, le PDG de Lucid Peter Rawlinson confiait au Financial Times sa méfiance quant à une trop grande dépendance envers le fonds saoudien :
Si j'adopte l'état d'esprit qu'il y a une richesse sans fond du PIF (ndlr : le fonds souverain), c'est très dangereux, c'est quelque chose que je ne ferai jamais, je les respecte bien trop pour ça.
– Peter Rawlinson, PDG de Lucid Motors
Des pertes abyssales malgré un record de ventes
Ce financement tombe à pic alors que Lucid vient d'annoncer une perte de 643 millions de dollars au 2ème trimestre 2024. Et ce, malgré un chiffre d'affaires record de 200 millions de dollars grâce aux ventes de ses berlines de luxe électriques. La startup ne disposait plus que de 1,35 milliard de cash fin juin.
Loin d'un simple arrangement financier, Peter Rawlinson y voit "un formidable renforcement supplémentaire de l'engagement à long terme" de l'Arabie Saoudite envers Lucid. Il souligne un alignement stratégique :
Nous sommes une pierre angulaire de l'ambitieuse Vision 2030 de l'Arabie Saoudite pour faire évoluer son économie vers un modèle durable, et nous sommes fiers d'y participer.
– Peter Rawlinson, PDG de Lucid Motors
L'Arabie Saoudite, un marché clé pour Lucid
Bien que les revenus de Lucid en Amérique du Nord aient progressé de 12% sur un an au 2ème trimestre, ils reculent de 5,7% en cumul sur le 1er semestre 2024. C'est grâce à l'envolée de ses ventes en Arabie Saoudite, multipliées par 14 à 95,2 millions de dollars, que Lucid rattrape son retard.
Un signe de la dépendance croissante de la startup envers ce marché crucial, mais aussi des ambitions du Royaume, qui cherche à diversifier son économie en misant sur les technologies vertes et les entreprises innovantes.
Cap sur le SUV Gravity pour redresser la barre
Pour stopper l'hémorragie financière, Lucid mise gros sur le lancement fin 2024 de son premier SUV électrique, baptisé Gravity. Un segment porteur en Amérique du Nord, où la startup espère faire décoller ses ventes.
Afin de se préparer au mieux, Lucid a dû se résoudre en mai dernier à supprimer environ 400 postes, soit près de 6% de ses effectifs, dans le cadre d'une restructuration.
Avec ce nouveau financement saoudien, Peter Rawlinson se veut rassurant sur la solidité de ce partenariat de long terme et la capacité de Lucid à tenir ses objectifs ambitieux :
Nous avons un dialogue régulier avec mon président (ndlr : Turqi Alnowaiser) et nous sommes absolument engagés tous les deux. Le dialogue porte bien plus sur "Peter, garde le cap. Nous voulons ce modèle intermédiaire, ces produits. Est-ce que le Gravity est sur les rails ?"
– Peter Rawlinson, PDG de Lucid Motors
L'avenir nous dira si cette alliance entre la jeune pousse californienne et le géant pétrolier saoudien portera ses fruits, malgré les défis et les risques. Une success story en devenir ou une dépendance périlleuse ? Rendez-vous fin 2024 pour le lancement crucial du SUV Gravity, qui sera un test grandeur nature pour Lucid Motors et son alliance singulière.