L’Équipementier Automobile Inteva Products en Difficulté en France
Les nuages s'amoncellent à nouveau au-dessus des usines françaises d'Inteva Products. Cet équipementier automobile américain, spécialisé dans les systèmes de fermeture et les moteurs de lève-vitre, est en proie à d'importantes difficultés financières qui le contraignent à envisager un plan social d'envergure. Pas moins de 131 emplois seraient ainsi menacés en France, soit plus de 40% des effectifs hexagonaux du groupe.
Un nouveau coup dur après la restructuration de 2020
La situation a un goût amer de déjà-vu pour les salariés français d'Inteva Products. Il y a à peine quatre ans, en 2020, ils avaient déjà été frappés de plein fouet par un plan de restructuration douloureux. L'usine vosgienne de Saint-Dié-des-Vosges avait été fermée, et ses 222 employés licenciés en pleine pandémie de Covid-19. Aujourd'hui, le spectre d'un nouvel écrémage des effectifs plane sur les sites restants.
L'usine d'Esson, première victime
Si les bureaux d'études de Sully-sur-Loire (Loiret) devraient être relativement épargnés avec "seulement" 21 postes menacés, c'est surtout le site industriel d'Esson, dans le Calvados, qui risque de payer le plus lourd tribut à cette nouvelle crise. Cette usine, qui fabrique des moteurs de lève-vitre pour la majorité des véhicules Peugeot, Renault et Citroën, pourrait se séparer de 110 personnes, soit la moitié de ses effectifs actuels.
L'ambiance est morose, c'est un peu la stupéfaction. C'est une réorganisation d'ampleur qui touche tout le spectre des emplois, de la production au bureau d'études.
– Philippe Guilbert, président du comité d'entreprise européen d'Inteva
Renault, le contrat de la discorde
Comment expliquer ce nouveau coup de tonnerre ? Selon la direction d'Inteva Products, c'est principalement "la perte permanente d'un contrat historique" qui plonge le bilan comptable dans le rouge. En novembre dernier, Renault a en effet signifié brutalement son intention de cesser toute collaboration avec l'équipementier américain au-delà du 31 décembre 2023, sans fournir de motivations claires.
Une décision vécue comme un véritable camouflet en interne, d'autant qu'Inteva venait d'investir près de 2 millions d'euros dans de nouvelles lignes de production dédiées aux moteurs du Losange. Du jour au lendemain, c'est 35% du chiffre d'affaires d'Inteva Products qui s'est envolé, précipitant le groupe dans de sérieuses difficultés de trésorerie.
Une dépendance risquée à Stellantis
Privé du soutien de Renault, Inteva Products se retrouve désormais dans une position de forte dépendance vis-à-vis de Stellantis. Le groupe automobile né de la fusion entre PSA et Fiat-Chrysler pèse en effet près de 70% des volumes de l'usine d'Esson. Une concentration des risques qui inquiète les syndicats, même si la direction se veut rassurante et promet de décrocher rapidement de nouveaux contrats pour assurer la pérennité du site.
Cette crise met en lumière la fragilité des équipementiers automobiles, pris en tenaille entre des donneurs d'ordres toujours plus exigeants et un contexte économique particulièrement incertain. Reste à savoir si Inteva Products parviendra cette fois-ci à redresser la barre sans casse sociale, ou si l'avenir de ses usines françaises s'inscrit désormais en pointillé. Les prochains mois s'annoncent décisifs.