Maven, le réseau social des conversations inattendues, perd ses cofondateurs
Lorsque Maven a fait son entrée sur la scène des réseaux sociaux en mai dernier, le projet porté par d'anciens chercheurs d'OpenAI et soutenu par des pointures comme Ev Williams de Twitter et Sam Altman d'OpenAI a suscité un vif intérêt. Sa promesse : faciliter les échanges inattendus et enrichissants entre individus, loin de la course à la popularité et à l'engagement qui caractérise les plateformes dominantes. Pourtant, à peine 3 mois après son lancement public, Maven voit deux de ses trois cofondateurs, dont Kenneth Stanley, quitter le navire. Retour sur les défis de construction d'un réseau social à contre-courant.
Maven, le pari de la "serendipité" en ligne
Fruit du travail de Kenneth Stanley, ancien chercheur chez OpenAI, et de ses acolytes Blas Moros et Jimmy Secretan, Maven se positionne comme un réseau social d'un genre nouveau. Sa particularité : connecter les utilisateurs non pas en fonction de leurs relations existantes ou de leurs centres d'intérêt déclarés, mais de façon plus organique et inattendue.
Sur Maven, il n'y a ni like, ni retweet, ni aucun moyen d'amplifier massivement du contenu. L'objectif est de nous éloigner de cette course sans fin à la popularité pour nous rapprocher de la serendipité.
– Kenneth Stanley, cofondateur de Maven
Les utilisateurs sont invités à suivre et échanger autour de sujets - de la neuroscience à la parentalité en passant par le jardinage - sans savoir qui d'autre partage ces centres d'intérêt. Une approche radicalement différente des réseaux sociaux mainstream, qui misent sur la viralité et l'engagement permanent.
Une croissance en demi-teinte
Malgré l'enthousiasme initial, avec un tour de table de 2 millions de dollars bouclé en 2023 auprès d'investisseurs de renom, Maven peine à trouver son rythme de croisière. Comme l'explique Kenneth Stanley, le réseau social « n'a pas réussi à atteindre la courbe de croissance que les investisseurs veulent voir pour justifier une augmentation des financements ».
Cette difficulté à recruter massivement et rapidement de nouveaux utilisateurs n'est pas une surprise, compte tenu du positionnement atypique de Maven. Selon Jimmy Secretan, qui reste à la barre en tant que CTO :
Chez Maven, nous excellons dans la stimulation de conversations profondes sur des sujets vraiment intéressants, surtout inattendus. Le problème, c'est que ces échanges profonds ont tendance à être peu viraux, ce qui rend la croissance un peu plus difficile.
– Jimmy Secretan, CTO et cofondateur de Maven
Trouver l'équilibre entre profondeur et viralité
Pour surmonter ces difficultés et offrir une alternative viable aux géants du secteur, Maven va devoir relever un défi de taille : préserver son ADN et la qualité des échanges qu'il suscite, tout en trouvant des leviers pour accélérer son développement. Un équilibre délicat, que Jimmy Secretan entend trouver grâce à de nouvelles expertises en design produit.
Nous ne voulons pas nous contenter de noyer le flux avec les contenus les plus populaires et le plus petit dénominateur commun. Je pense qu'il existe un moyen de concilier les deux.
– Jimmy Secretan, CTO et cofondateur de Maven
Le cofondateur évoque aussi Ryff, une application dérivée de Maven qui utilise l'art génératif pour aider les utilisateurs à explorer de nouveaux centres d'intérêt. Une piste parmi d'autres pour élargir le champ des possibles.
Et maintenant ?
Malgré le départ de Kenneth Stanley et Blas Moros, Jimmy Secretan assure que l'aventure Maven n'est pas terminée. L'entreprise dispose encore de quelques mois de trésorerie et entend bien utiliser ce temps pour affiner sa formule.
De son côté, Kenneth Stanley se dit « impatient de repenser à l'IA », son domaine de prédilection. Il évoque notamment le concept de "open-endedness", un champ de recherche prometteur qui s'intéresse aux algorithmes capables d'inventer et de résoudre sans cesse de nouvelles tâches de manière autonome.
Si l'avenir de Maven reste incertain, son ambition de bousculer les codes des réseaux sociaux ne manque pas de pertinence à l'heure où les effets délétères des plateformes dominantes sont régulièrement pointés du doigt. D'autres projets lui emboîteront-ils le pas ? Les prochains mois nous le diront.