L’Allemagne envisage de prendre des parts dans l’industrie de l’armement
Face aux bouleversements géopolitiques et au retour des conflits de haute intensité, l'Allemagne se prépare à muscler son industrie de défense. Selon le quotidien Handelsblatt, le gouvernement fédéral envisage de prendre des participations "stratégiques" dans des entreprises et projets clés du secteur de l'armement.
Une nouvelle stratégie pour renforcer l'industrie de défense allemande
Cette proposition s'inscrit dans le cadre d'une nouvelle doctrine élaborée par Berlin pour soutenir son industrie de l'armement, jugée essentielle à la sécurité et à la souveraineté du pays. Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, les pays européens ont pris conscience de la nécessité d'accroître leurs capacités de défense.
Si elle est approuvée, cette stratégie permettrait à l'État allemand d'entrer au capital d'entreprises et de projets considérés comme stratégiques, de manière plus fréquente qu'actuellement. Le but : assurer le développement et la pérennité d'un tissu industriel national capable de répondre aux besoins des forces armées.
Des prises de participation ciblées
Le gouvernement détient déjà 25% du capital de Hensoldt, fabricant allemand de systèmes électroniques pour la défense. Selon des sources citées par Reuters, la banque publique KfW et le fonds Carlyle négocient par ailleurs l'acquisition conjointe d'une majorité dans la division navires de guerre de Thyssenkrupp. Un accord pourrait intervenir dès septembre.
L'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022 a entraîné une augmentation massive des dépenses de défense en Allemagne et dans d'autres pays européens, gonflant les carnets de commandes et la valorisation des fabricants d'armes comme Rheinmetall et Hensoldt.
Reuters
D'autres mesures à l'étude
Outre les prises de participation, le document stratégique contiendrait d'autres recommandations pour soutenir l'industrie de défense nationale :
- Promouvoir les technologies clés
- Améliorer le cadre financier du secteur
- Simplifier les réglementations
L'enjeu pour l'Allemagne est de taille. Il s'agit de rattraper son retard capacitaire, d'assurer son autonomie stratégique et de peser dans la défense européenne. Des géants comme Rheinmetall ou Hensoldt pourraient en profiter, tout comme des PME innovantes si un écosystème favorable est mis en place.
Une tendance européenne
Cette initiative allemande s'inscrit dans une dynamique plus large en Europe. Confrontés au retour de la guerre sur le continent, de nombreux pays cherchent à renforcer leur base industrielle et technologique de défense (BITD). La France pousse des projets capacitaires ambitieux comme le char du futur, en coopération avec l'Allemagne.
Safran investit massivement pour augmenter ses capacités de production de moteurs militaires. L'italien Leonardo se rapproche de Rheinmetall dans les blindés. Partout, l'heure est à la consolidation et aux partenariats public-privé pour bâtir une défense européenne plus forte et plus intégrée.
L'annonce de Berlin confirme cette tendance de fond. Dans un monde plus dangereux, les États doivent retrouver la maîtrise de leur destin, y compris via le contrôle de leur appareil militaro-industriel. Un défi aussi industriel que régalien, qui pourrait redessiner le visage de la défense sur le Vieux Continent.