Les investisseurs chinois se détournent de l’Europe en 2023
Les investisseurs chinois semblent avoir perdu leur appétit pour l'Europe. Selon une récente étude du cabinet Rhodium Group et Merics, les groupes de l'empire du Milieu n'ont investi que 6,8 milliards d'euros sur le Vieux Continent en 2023, soit le montant le plus faible enregistré depuis 2010. Un retournement de situation spectaculaire quand on sait qu'en 2016, ces mêmes investissements atteignaient un record de 47,5 milliards d'euros. Que s'est-il passé ?
Un effondrement des rachats d'entreprises européennes
La chute des investissements chinois en Europe s'explique en grande partie par l'effondrement des rachats d'entreprises européennes, qui ne représentent plus que 1,5 milliard d'euros en 2023. Plusieurs facteurs permettent de comprendre cette désaffection :
- Une plus grande vigilance des autorités européennes face aux investissements étrangers
- La mauvaise passe traversée par l'économie chinoise ces dernières années
- Un virage stratégique des groupes chinois, moins demandeurs de nouvelles technologies
Cap sur les véhicules électriques et les batteries
Car c'est là que se situe désormais le cœur de la stratégie chinoise en Europe. Près de 70% des investissements directs se concentrent sur la construction de leurs propres usines de véhicules électriques et de batteries. L'objectif est clair : prendre pied sur le marché européen de la mobilité électrique en maîtrisant toute la chaîne de valeur.
Les investissements chinois s'intéressent toujours plus à l'amont et à l'aval de la filière.
Rapport Rhodium Group et Merics
Le rapport cite notamment :
- L'implantation en cours du fabricant de composants de batteries Semcorp en Hongrie
- L'usine d'assemblage de véhicules de BYD, également en Hongrie
- L'usine de Putailai sur les matériaux de cathode en Suède
La Hongrie, porte d'entrée privilégiée
On note que la Hongrie apparaît comme la destination favorite des investisseurs chinois pour leur implantation industrielle en Europe. Le pays offre en effet une combinaison d'avantages attractive :
- Une main d'œuvre qualifiée et moins chère que dans l'ouest de l'Europe
- Une fiscalité avantageuse
- Une position géographique au cœur du marché européen
- Des relations politiques étroites avec Pékin
Mais la Hongrie n'est pas la seule cible. L'Allemagne, la France, la Pologne figurent aussi parmi les pays qui attirent des investissements industriels chinois significatifs dans les véhicules électriques, les batteries ou les énergies renouvelables.
Un défi pour l'industrie européenne
Cette vague d'implantations chinoises représente à la fois une opportunité et un défi pour l'Europe. D'un côté, ces investissements créent des emplois et renforcent la base industrielle du continent. De l'autre, ils exposent les constructeurs automobiles et équipementiers européens à une concurrence accrue sur leur propre marché.
Certains y voient aussi un risque de dépendance technologique vis-à-vis de la Chine sur des maillons clés de la chaîne de valeur de l'électromobilité. Un sujet qui préoccupe de plus en plus les responsables politiques européens, alors que l'UE cherche à renforcer sa souveraineté industrielle face aux géants chinois et américains.
Une chose est sûre : la bataille pour le marché européen des véhicules électriques ne fait que commencer. Et les investisseurs chinois comptent bien y jouer un rôle de premier plan, avec leurs propres usines comme fer de lance. L'Europe saura-t-elle relever le défi ?
