Tally, la fintech prometteuse soutenue par a16z ferme ses portes
L'univers des startups est aussi impitoyable que passionnant. L'histoire de Tally, une fintech prometteuse qui vient d'annoncer sa fermeture après 9 ans d'existence, en est une parfaite illustration. Malgré un financement total de 172 millions de dollars, dont un tour de table de Serie D mené par le prestigieux fonds a16z, l'entreprise n'a pas réussi à trouver un modèle viable et a épuisé sa trésorerie.
Le rêve d'aider les consommateurs à mieux gérer leurs cartes de crédit
Fondée en 2015 à San Francisco, Tally ambitionnait de révolutionner la façon dont les particuliers gèrent leurs cartes de crédit et remboursent leurs dettes. Le principe était séduisant : l'application agrégeait l'ensemble des cartes d'un utilisateur pour l'aider à optimiser ses paiements. Tally proposait même des prêts à taux préférentiel pour remplacer les dettes coûteuses.
Jason Brown, le fondateur et CEO, y voyait une opportunité en or dans un pays où les Américains croulent sous 1000 milliards de dollars de dettes de cartes de crédit. Convaincu de son idée, il réussit à lever des fonds auprès d'investisseurs de renom comme Kleiner Perkins, Shasta Ventures ou Cowboy Ventures, portant la valorisation de Tally à 855 millions de dollars en 2022.
Un pivot tardif vers le B2B
Mais malgré un produit séduisant et des millions d'utilisateurs, Tally a eu du mal à convertir ses utilisateurs en clients payants. En avril dernier, constatant que son offre B2C ne décollait pas comme prévu, la société a décidé de pivoter vers un modèle B2B en proposant son infrastructure à d'autres sociétés.
Nous n'avons pas sécurisé les financements nécessaires pour continuer notre activité, malgré tous nos efforts.
– Jason Brown, fondateur et CEO de Tally
Jason Brown annonçait alors un partenariat avec une grande société de consommation qui devait lancer en juillet. Mais ce lancement n'a jamais vu le jour... Faute de revenus, et face à l'assèchement du marché du capital risque suite à la remontée des taux, Tally s'est retrouvé à court de cash. Le couperet est tombé brutalement ce début août.
Les leçons pour l'écosystème fintech
Ce triste épilogue laisse réfléchir sur la difficulté de construire une fintech rentable et pérenne. Malgré des valorisations parfois stratosphériques, beaucoup de ces jeunes pousses peinent à trouver un équilibre économique. L'acquisition de clients est coûteuse et l'engagement est volatil, surtout dans les services financiers où la confiance est clé.
Cela montre aussi les limites du modèle "growth at all costs" longtemps prôné par la Silicon Valley. Brûler des montagnes de cash pour grossir à tout va n'est plus une option dans un marché tendu où les investisseurs exigent un retour à la rentabilité.
- L'acquisition clients doit être frugale et créative
- Les fondamentaux financiers (revenu, marge) redeviennent cruciaux
- La capacité à se différencier et fidéliser est primordiale
Alors que les géants comme Apple et Amazon investissent massivement dans les services financiers, les fintechs indépendantes n'ont plus droit à l'erreur. Pour tirer leur épingle du jeu, elles vont devoir redoubler d'ingéniosité et se recentrer sur la proposition de valeur client.
L'histoire de Tally est un rappel cruel que dans le monde impitoyable des startups, même les plus prometteurs peuvent trébucher. Mais c'est aussi une formidable source d'apprentissage pour tous les entrepreneurs. Car chaque échec plante les graines de futurs succès.