L’impact de la météo capricieuse sur les récoltes françaises en 2024
Imaginez des champs gorgés d'eau, des tracteurs embourbés et des épis de blé qui ploient sous les assauts incessants de la pluie. C'est le triste spectacle qu'ont vécu de nombreux agriculteurs français durant l'année 2024, qui restera dans les annales comme l'une des pires pour les récoltes de céréales.
Une météo capricieuse qui n'en finit plus
Depuis le mois d'octobre 2023, les précipitations n'ont quasiment pas laissé de répit aux céréaliers de l'Hexagone. Des semis en automne jusqu'à la moisson en juillet, les averses se sont succédées à un rythme effréné. Des records ont été battus, comme celui du printemps le plus humide jamais enregistré. Résultat : des cultures sans cesse les pieds dans l'eau, qui ont peiné à se développer correctement.
Depuis octobre, nous avons les pieds dans l'eau. Nous avons semé dans des conditions très compliquées, et là nous récoltons sur des sols trempés.
– Jean Lefèvre, agriculteur dans l'Oise
Des rendements en berne
Ces conditions climatiques désastreuses se sont traduites par une chute vertigineuse des volumes récoltés. Pour le blé tendre, céréale reine des champs français, le ministère de l'Agriculture estime que la production sera inférieure de 25% par rapport à 2023. Du jamais vu depuis les années 1980 ! L'orge d'hiver a elle aussi trinqué, tout comme d'autres céréales à paille.
L'effet ciseau des coûts et des prix
Comme un malheur n'arrive jamais seul, les agriculteurs doivent composer avec la hausse continue de leurs charges depuis la pandémie de Covid-19. Équipements, engrais, fermages : tous les postes de dépenses s'envolent. Dans le même temps, malgré des récoltes faméliques dans l'Hexagone, les cours des céréales restent déprimés sur les marchés mondiaux, plombés par de bonnes performances dans d'autres pays exportateurs comme la Russie.
C'est tout à la fois : des récoltes catastrophiques, des prix bas et des coûts qui n'ont jamais été aussi élevés.
– Laurent Pollet, cultivateur dans l'Oise
Colère et détresse dans les campagnes
Cette triple peine infligée aux céréaliers français suscite l'ire et l'inquiétude dans le monde agricole. En début d'année, des milliers d'agriculteurs ont manifesté et bloqué des autoroutes pour réclamer des revenus décents. Beaucoup espéraient des mesures de soutien du gouvernement. Hélas, le contexte politique agité, avec la démission de l'exécutif suite aux élections anticipées, complique la donne.
Quand les récoltes et les prix sont mauvais, les résultats sont catastrophiques. Certaines personnes ont besoin d'aide psychologique et la plupart d'entre nous auront besoin d'un soutien économique, pour sortir la tête haute.
– Jean Lefèvre, agriculteur dans l'Oise
Les céréaliers, pris dans le tourbillon des moissons et des prochains semis, auront-ils la force et le temps de se faire entendre ? L'avenir nous le dira. Une chose est sûre : après une année 2024 aussi sombre, tous espèrent que le ciel sera plus clément ces prochains mois, dans les champs comme dans les cours de ferme.