EzBtc, une plateforme crypto frauduleuse démantelée au Canada
Les arnaques dans le monde des cryptomonnaies font régulièrement la une des journaux. Mais l'affaire ezBtc, qui secoue actuellement le Canada, se distingue par l'ampleur de la fraude et la rapidité avec laquelle les fonds des clients étaient dilapidés sur des sites de jeux d'argent en ligne.
Un tiers des dépôts des clients détournés
Selon les conclusions d'un panel de la Commission des valeurs mobilières de la Colombie-Britannique (BCSC), la plateforme d'échange de cryptomonnaies ezBtc, basée à Nanaimo, s'est rendue coupable de fraude en mentant à ses clients et en détournant environ 13 millions de dollars canadiens (CAD) de leurs avoirs vers des sites de jeux d'argent et les comptes personnels de son propriétaire, David Smillie.
Entre 2016 et 2019, période durant laquelle ezBtc était opérationnelle, les clients ont déposé plus de 2 300 bitcoins et 600 ethers sur la plateforme. La BCSC a constaté qu'environ un tiers de ces actifs ont été détournés à des fins frauduleuses au lieu d'être conservés en "cold storage" (stockage hors ligne sécurisé) comme promis.
Du dépôt au casino en 14 minutes chrono
Dans un cas particulièrement choquant rapporté par la commission, un client a déposé 0,2495 bitcoin, l'a vendu pour plus de 2 500 CAD et a demandé un retrait le lendemain. Malgré de multiples assurances de Smillie, le client n'a jamais reçu son argent. Un traçage a révélé que le bitcoin avait en fait été transféré d'ezBtc vers un site de jeux d'argent seulement 14 minutes après le dépôt initial !
En tant que directeur de l'entreprise, Smillie était au courant qu'ezBtc ne conservait pas la garde de tous les actifs des clients et aurait dû savoir que le détournement de ces actifs pouvait avoir de graves conséquences financières pour eux.
– Panel de la BCSC
Représenté par un avocat mais absent des audiences
Bien que représenté par un avocat, David Smillie ne s'est pas présenté aux audiences de la BCSC. Selon son conseil, cité par le Investigative Journalism Foundation, il se trouvait à l'étranger, dans l'incapacité de payer ses frais juridiques et souffrant d'une maladie non spécifiée.
Sanctions à venir pour ezBtc et son propriétaire
Le panel de la BCSC a indiqué qu'il envisageait maintenant d'imposer des sanctions, qui pourraient inclure des amendes et des interdictions de participer au marché. Smillie étant considéré comme responsable des actes répréhensibles d'ezBtc, il devrait être soumis aux mêmes sanctions que sa société.
Un coup de filet des régulateurs canadiens dans le monde des cryptos
La décision concernant ezBtc n'est que le dernier exemple en date d'un régulateur canadien sévissant contre les mauvaises pratiques des entreprises crypto opérant dans le pays :
- Plus tôt cette année, la Commission des valeurs mobilières de l'Alberta a prononcé une ordonnance d'interdiction d'opérations contre la plateforme d'échange Catalyx en lien avec un piratage ayant entraîné des pertes de cryptomonnaies.
- En mai, le Centre d'analyse des opérations et déclarations financières du Canada (CANAFE) a infligé une amende à Binance, le plus grand échange de cryptomonnaies au monde, pour violation des règles anti-blanchiment.
- La Commission des valeurs mobilières de l'Ontario poursuit actuellement la société d'actifs numériques Liquid MarketPlace pour avoir prétendument détourné illégalement des millions de dollars de fonds d'investisseurs.
Face à la multiplication des arnaques et délits liés aux cryptoactifs, les autorités de réglementation canadiennes semblent déterminées à assainir ce secteur encore largement perçu comme une zone de non-droit. Reste à voir si ces actions suffiront à restaurer la confiance des investisseurs, fortement ébranlée par des affaires comme celle d'ezBtc.