L’essor du lithium chilien: entre transition écologique et enjeux locaux

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août 15, 2024

L’essor du lithium chilien: entre transition écologique et enjeux locaux

Au cœur du désert d'Atacama, dans le nord du Chili, se joue une partie cruciale de la transition écologique mondiale. Ce paysage aride et hostile renferme en effet les plus importantes réserves de lithium de la planète, un métal devenu indispensable à la fabrication des batteries qui équipent nos appareils électroniques et nos véhicules électriques. Face à l'explosion de la demande, le Chili a augmenté sa production de 133% entre 2020 et 2023, devenant le deuxième exportateur mondial derrière l'Australie. Mais cette ruée vers l'oro blanco, l'"or blanc", ne se fait pas sans conséquences pour l'environnement fragile des salars et les communautés locales.

L'or blanc des Andes

Si le lithium est présent un peu partout dans la croûte terrestre, il est particulièrement concentré dans les saumures des lacs salés, les fameux salars, nichés à près de 3000 mètres d'altitude dans la cordillère des Andes. Les salars chiliens d'Atacama et de Maricunga renfermeraient plus de 50% des ressources mondiales exploitables. Un véritable trésor national qui suscite toutes les convoitises.

L'extraction repose sur une méthode relativement simple : la saumure, un liquide riche en minéraux, est pompée dans le sous-sol puis acheminée dans de gigantesques bassins d'évaporation où, sous l'effet du soleil et du vent, l'eau s'évapore progressivement. Au bout d'un an et demi environ, on obtient un concentré de lithium qui est envoyé dans des usines de raffinage pour être transformé en carbonate ou en hydroxyde de lithium, les deux composés utilisés dans l'industrie.

SQM et Albemarle, les deux géants du lithium chilien

Jusqu'à récemment, seules deux entreprises se partageaient le gâteau du lithium chilien : la compagnie nationale SQM et l'américaine Albemarle. À elles deux, elles ont extrait 250 000 tonnes de lithium en 2023, soit un quart de la production mondiale. Un quasi-monopole qui leur assure des profits records, avec des ventes atteignant 7,8 milliards de dollars l'an dernier.

Mais ce jackpot attire de nouveaux acteurs. Plusieurs groupes miniers chinois ont pris des participations dans SQM et annoncé des investissements massifs dans des usines de composants de batteries. Des projets qui pourraient permettre au Chili de capter davantage de valeur ajoutée. De son côté, le géant français Eramet explore le potentiel de nouveaux salars, avec l'objectif d'utiliser une technologie innovante d'extraction directe.

L'impact environnemental en question

Si la méthode d'extraction par évaporation est moins énergivore et polluante que l'exploitation minière du lithium pratiquée en Australie, elle n'en demeure pas moins problématique dans une région déjà soumise à un stress hydrique extrême. Les scientifiques estiment que le pompage intensif de saumure assèche les nappes phréatiques et les écosystèmes uniques des salars, menaçant la faune et la flore.

L'extraction du lithium a contribué à faire chuter de 11% en dix ans la population de deux espèces endémiques de flamants roses.

– Cristina Dorador, microbiologiste à l'université d'Antofagasta

Les communautés locales, principalement des peuples indigènes atacaméens, dénoncent également les répercussions de cette industrie sur l'agriculture traditionnelle. En trente ans, la surface agricole de certains villages aurait diminué de 70%. Beaucoup critiquent l'omniprésence des compagnies minières qui, à défaut de l'État, financent écoles, cliniques et projets de développement, divisant les communautés.

Vers une extraction plus durable ?

Face à ces critiques, les deux leaders mondiaux affirment réduire leur consommation d'eau et investir massivement dans des technologies plus propres. L'extraction directe est vue comme une solution prometteuse. Elle permettrait de remettre la saumure dans les nappes après avoir capté le lithium par un procédé chimique. Plusieurs startups, dont des françaises, planchent sur cette innovation qui pourrait révolutionner la filière.

En attendant, le gouvernement chilien veut accélérer la cadence. Il prévoit d'ouvrir près de la moitié des salars à l'exploitation, y compris le géant Maricunga, et table sur une hausse de 70% de la production d'ici 2030. De quoi consolider son rang face à la concurrence argentine et chinoise. Reste à savoir si cela se fera au détriment de l'environnement et des populations locales. Car en matière de lithium, la transition écologique n'est pas sans paradoxes.

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