Repenser l’Autisme : Une Révolution Émotionnelle
Et si notre compréhension de l'autisme était totalement erronée ? C'est la question que soulève une étude révolutionnaire menée par Aaron Dallman, professeur assistant en ergothérapie à la Rutgers University School of Health Professions. Ses travaux remettent en cause l'idée reçue selon laquelle les personnes autistes seraient émotionnellement limitées, et pourraient bien changer notre approche thérapeutique.
Une vision stéréotypée de l'autisme
Depuis la première description de l'autisme dans les années 1940, on a longtemps présumé qu'un trait caractéristique de cette condition était une réponse émotionnelle émoussée ou une incapacité à décrire ses émotions. C'est d'ailleurs ainsi que les personnes autistes sont souvent dépeintes au cinéma et à la télévision.
Cependant, la nouvelle étude de Dallman remet en question ces hypothèses de longue date sur les personnes autistes et les émotions.
Et si tout ce que nous savons sur l'autisme était faux ? Nous passons tout ce temps à problématiser l'autisme au lieu de chercher à comprendre ce que c'est que d'être autiste. L'idée répandue selon laquelle les autistes n'ont pas une vie émotionnelle riche est tout simplement fausse.
– Aaron Dallman, Rutgers University
Célébrer la neurodiversité
L'approche novatrice de Dallman considère les différences dans les processus neurologiques - ou la neurodiversité - observées chez les personnes autistes comme des variations naturelles de l'humain à célébrer, et non à réprimer.
Pour explorer le vécu émotionnel des jeunes adultes autistes et suggérer des pistes d'amélioration du contact affectif avec leurs thérapeutes, il a mené des entretiens de groupe avec 24 participants ayant un diagnostic d'autisme.
Des émotions complexes et incarnées
Deux thèmes majeurs ont émergé des données : les personnes autistes vivent des émotions complexes, souvent ressenties dans leur corps, mais leurs émotions sont fréquemment mal mesurées et incomprises.
Je comprends la nécessité d'appliquer des étiquettes catégorielles pour les émotions comme 'heureux' ou 'triste', mais je sais aussi que l'expérience est bien plus complexe que les sentiments associés à ces mots. Je dirais qu'il y a différentes nuances de bonheur, ainsi que différentes nuances de tristesse.
– Un participant à l'étude
Le défi de la communication émotionnelle
Tous les participants ont rapporté que le contact affectif avec les personnes non-autistes était particulièrement difficile, car leurs expressions émotionnelles avaient tendance à être mal interprétées.
Certains ont même avoué réprimer leur expression naturelle pour éviter la stigmatisation, un phénomène de camouflage lié à des comorbidités de santé mentale comme la dépression.
Vers de nouvelles approches thérapeutiques
Dallman espère que ses résultats conduiront à de nouvelles stratégies thérapeutiques pour les personnes autistes, axées sur une communication bidirectionnelle entre autistes et non-autistes.
Ces interventions de communication doivent se concentrer sur l'amélioration de la communication bidirectionnelle pour les personnes autistes et non-autistes, et ne doivent pas se focaliser uniquement sur l'enseignement des besoins de communication neurotypiques à une personne autiste. Un élément nécessaire et important sera de favoriser l'auto-plaidoyer chez les autistes.
– Aaron Dallman, Rutgers University
Cette étude pionnière ouvre la voie à une meilleure compréhension de l'autisme et des émotions. En célébrant la neurodiversité et en repensant notre approche thérapeutique, nous pouvons espérer bâtir une société plus inclusive, où chacun peut exprimer pleinement sa vie émotionnelle unique.