L’essor des startups canadiennes malgré un climat d’investissement difficile
Alors que le Canada traverse une période économique tumultueuse, un secteur semble tirer son épingle du jeu : celui des startups technologiques. En effet, selon un rapport de Panache Ventures, la création d'entreprises dans ce domaine a bondi de près de 31% au cours des deux premiers trimestres de 2024 par rapport à l'année précédente. Une lueur d'espoir pour l'économie nationale ?
Un marché du capital risque en berne
Pourtant, le tableau n'est pas si rose pour ces jeunes pousses. Elles doivent en effet composer avec un climat d'investissement particulièrement difficile. Les données de l'Association canadienne du capital de risque et d'investissement (CVCA) sont sans appel : au premier semestre 2024, les montants investis au stade pré-amorçage et d'amorçage ont chuté de 48% par rapport à la même période l'an dernier, tandis que le nombre total de transactions a reculé de 31%.
Plusieurs facteurs expliquent cette frilosité des investisseurs, à commencer par le resserrement des politiques monétaires des banques centrales pour juguler l'inflation galopante. Résultat, les capitaux se tournent vers des placements plus sûrs, au détriment du capital risque, en particulier pour les nouveaux fonds.
Des signaux encourageants malgré tout
Malgré ce contexte défavorable, Prashant Matta, directeur général de Panache Ventures, se veut optimiste. Pour lui, la hausse du nombre de créations de startups est un signe annonciateur d'un redémarrage du marché :
Je pense que la demande (créateurs/création de startups) est un indicateur avancé, car l'argent (GP et LP) suit généralement les entreprises technologiques les plus convaincantes et innovantes.
– Prashant Matta, Panache Ventures
Il table ainsi sur un retour des investisseurs providentiels au cours des deux prochaines années, à mesure que les taux d'intérêt baisseront et que les sorties se multiplieront, apportant davantage de liquidités sur le marché.
L'écosystème canadien en ordre de marche
En attendant des jours meilleurs, l'écosystème canadien des startups se mobilise pour traverser cette zone de turbulences. Parmi les initiatives notables :
- Le fonds de fonds de 570 millions de dollars en cours de levée par Teralys Capital, avec le soutien des gouvernements fédéral et québécois.
- La nouvelle stratégie nationale en matière d'intelligence artificielle pilotée par l'Institut canadien de recherches avancées (CIFAR) pour soutenir les startups de ce secteur porteur.
- Les programmes d'accompagnement et d'accélération comme celui d'Accelerate Okanagan qui a généré près de 5 milliards de dollars d'impact économique en 2023.
Quel avenir pour les startups canadiennes ?
Les fondateurs canadiens sauront-ils s'adapter à ce nouveau paradigme ? Certains misent sur le bootstrapping ou conservent un profil bas en attendant des conditions de marché plus favorables. D'autres lorgnent du côté des États-Unis et de leurs investisseurs mieux dotés en capital.
Une chose est sûre cependant : malgré les défis actuels, l'innovation bouillonne au pays et les startups technologiques entendent bien jouer un rôle moteur dans la relance économique. Les récents mouvements au sein de pépites comme ApplyBoard ou Paper montrent que le secteur reste dynamique.
Pour Matthew Boswell, Commissaire canadien à la concurrence, l'enjeu est de créer un cadre réglementaire propice à l'émergence de nouveaux champions nationaux, tout en prévenant les dérives des géants du web de la génération précédente. Un équilibre délicat à trouver pour ne pas freiner une filière d'avenir, sur fond de course mondiale à l'innovation.
