La fin du conflit entre Bitfarms et Riot Platforms
C'est un nouveau chapitre qui s'ouvre pour Bitfarms et Riot Platforms. Après des mois d'affrontement sur la place publique, les deux poids lourds du minage de Bitcoin ont finalement trouvé un terrain d'entente. L'annonce d'un accord entre les parties met un terme à une saga qui a tenu en haleine tout l'écosystème des crypto-monnaies.
Retour sur un différend houleux
Tout a commencé au printemps dernier quand Riot Platforms, basé au Colorado et plus grand actionnaire de Bitfarms, a révélé que cette dernière avait rejeté son offre de rachat de 950 millions de dollars. S'en est suivi une série de déclarations publiques au vitriol, Riot remettant en cause le leadership de Bitfarms, tout en augmentant progressivement sa participation au capital.
De son côté, Bitfarms a tenté de riposter en adoptant diverses stratégies dites de "pilules empoisonnées" via des plans de droits des actionnaires, pour empêcher Riot de gagner davantage de contrôle. En juin, Riot a demandé la tenue d'une assemblée extraordinaire pour donner aux actionnaires de Bitfarms la possibilité de voter la révocation du président du conseil d'administration par intérim, Nicolas Bonta, et du directeur Andrés Finkielsztain.
Changements à la direction
Finalement, Nicolas Bonta a démissionné en août, cédant les rênes à Ben Gagnon comme PDG et Brian Howlett comme président du conseil. Riot proposait également de remplacer trois administrateurs, dont le cofondateur Emiliano Grodzki récemment parti, par trois nouveaux membres.
Le mois dernier, nouveau rebondissement avec l'annonce par Bitfarms de son intention d'acquérir la société américaine Stronghold Digital Mining, dans le cadre d'une fusion par échange d'actions de 125 millions de dollars. Une opération qui, selon un expert du secteur, pourrait expliquer pourquoi Bitfarms a décliné l'offre initiale de Riot, cette dernière ayant besoin de capitaux supplémentaires pour mener à bien son OPA.
Les termes de l'accord
C'est donc dans ce contexte que Bitfarms et Riot Platforms sont finalement parvenus à s'entendre. Selon les termes de l'accord déposé auprès de la SEC (Securities and Exchange Commission) américaine :
- Le directeur Andrés Finkielsztain quitte le conseil d'administration de Bitfarms
- Amy Freedman est nommée au conseil d'administration de Bitfarms et à ses comités
- Riot retire sa demande de juin visant à reconstituer le conseil d'administration de Bitfarms
- Riot s'engage à s'abstenir de toute action perturbatrice jusqu'à l'assemblée annuelle de Bitfarms en 2026
- Riot obtient le droit d'acheter des actions supplémentaires de Bitfarms, tant qu'elle détient au moins 15% de l'ensemble des actions ordinaires en circulation
L'assemblée extraordinaire des actionnaires, initialement prévue pour le 29 octobre, se tiendra finalement au plus tard le 20 novembre. Les actionnaires voteront sur l'élargissement du conseil d'administration, l'élection d'un administrateur indépendant et la ratification du régime de droits des actionnaires de Bitfarms. Riot s'est engagée à voter en faveur de ces changements.
Nous sommes heureux de parvenir à cet accord avec Riot et avons hâte de consacrer toute notre attention à l'exécution de notre stratégie de croissance.
– Ben Gagnon, PDG de Bitfarms
Cap sur la diversification
Pour Ben Gagnon, l'heure est maintenant à la diversification des activités au-delà du minage de Bitcoin, vers "de nouveaux domaines passionnants et synergiques comme la production et le commerce d'énergie, le recyclage de la chaleur et d'autres flux de revenus à forte valeur ajoutée".
Jason Les, patron de Riot Platforms, a pour sa part salué un "pas important pour faire progresser la création de valeur pour les actionnaires des deux sociétés". En tant que plus grand actionnaire de Bitfarms, Riot dit se réjouir de "soutenir un conseil d'administration reconstitué et un engagement continu avec la direction".
Si ce dénouement met fin à un feuilleton de plusieurs mois, il ouvre aussi un nouveau chapitre dans l'histoire mouvementée de l'industrie des crypto-monnaies. Dans un marché en pleine maturation mais toujours volatil, les géants du secteur se livrent une guerre sans merci pour le contrôle de l'infrastructure critique du minage. Entre raids boursiers, tentatives de prise de contrôle et alliances défensives, tous les coups semblent permis. Mais comme le montre l'exemple de Bitfarms et Riot, le dialogue et le compromis finissent (parfois) par l'emporter. Reste à savoir si cette trêve sera durable ou ne constitue qu'une brève accalmie avant la prochaine bataille.