Imerys : un projet de mine de lithium innovant mais controversé
Au cœur de l'Allier, un projet minier d'envergure est en train de voir le jour. Le groupe Imerys, spécialiste français des minéraux industriels, prévoit d'y ouvrir la première mine de lithium de France. Un pari industriel majeur à l'heure où ce métal est devenu indispensable pour la fabrication des batteries, mais qui soulève aussi son lot de questions et d'inquiétudes.
Imerys mise sur le lithium français
Avec ce projet baptisé Emili, Imerys compte extraire chaque année 34 000 tonnes d'hydroxyde de lithium. De quoi équiper 700 000 véhicules électriques et réduire notre dépendance à la Chine, qui concentre aujourd'hui 80% de la production mondiale. L'objectif est ambitieux : démarrer la production dès 2027, avec un milliard d'euros d'investissement à la clé.
Pour y parvenir, Imerys mise sur une mine souterraine à Échassières, là où le groupe exploite déjà la plus grande carrière de kaolin d'Europe. Le minerai extrait serait ensuite transporté jusqu'à une usine de purification à Vichy, avant une étape finale de conversion chimique près de Montluçon. Un circuit court et intégré, gage d'efficacité selon Imerys.
Un projet sous haute surveillance
Mais l'ouverture d'une nouvelle mine n'est pas un long fleuve tranquille. Le projet Emili fait l'objet d'une large consultation publique, orchestrée par la Commission nationale du débat public. Objectif : informer les citoyens et recueillir leurs avis et préoccupations.
Et des inquiétudes, il y en a. Sur l'impact environnemental d'abord, avec des craintes sur la biodiversité, la consommation d'eau ou encore l'artificialisation des sols. Des points sur lesquels Imerys se veut rassurant, promettant une mine "éco-responsable" avec un impact limité. Le groupe met aussi en avant les retombées économiques, avec 1 000 emplois directs et indirects à la clé.
On ne peut pas prôner la transformation écologique de notre économie et refuser l'activité minière sur notre sol.
Bruno Le Maire, ministre de l'Économie
Un "projet d'intérêt national majeur" qui divise
Pour accélérer sa mise en œuvre, le gouvernement a accordé à Emili le statut de projet d'intérêt national majeur. Un précieux sésame qui permet de faciliter l'obtention des permis et d'écourter certaines procédures.
Une décision mal vécue par les opposants au projet, qui y voient un passage en force et un déni de démocratie. Ils craignent que les intérêts industriels ne priment sur les enjeux écologiques et s'interrogent sur le partage de la "rente minière" avec les collectivités locales.
Une mine au cœur des défis de la transition énergétique
Au-delà du seul projet Emili, c'est toute la question de la place de l'activité minière dans la transition énergétique qui est posée. Pour certains, il est urgent d'exploiter nos ressources pour décarboner nos transports. Pour d'autres, on ne peut pas sacrifier l'environnement sur l'autel de l'électrification à tout va.
Une controverse qui illustre toute la complexité des choix à faire pour mener à bien la transition énergétique : comment conjuguer souveraineté industrielle, protection de l'environnement et acceptabilité sociale ? Le débat est ouvert et le projet Emili est loin d'avoir livré tous ses secrets.