FDJ Recule Suite aux Rumeurs de Nouvelle Taxe des Jeux d’Argent
Ce jeudi matin, l'action de La Française des Jeux a brutalement chuté en bourse, perdant jusqu'à 10% en séance, suite à la publication d'un article du journal Les Echos faisant état d'un projet de nouvelle taxation des jeux d'argent dès 2025. Cette mesure, qui viserait à augmenter les prélèvements sociaux sur les loteries, casinos, paris sportifs et poker en ligne afin de renflouer les caisses de la Sécurité Sociale, pourrait rapporter près de 500 millions d'euros par an selon le quotidien économique.
Le gouvernement temporise, le marché s'affole
Contacté par Reuters, le ministère des Finances n'a pas souhaité commenter officiellement ces informations. Mais selon une source proche du dossier, le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) qui sera présenté le 10 octobre prochain ne contiendra aucune mesure fiscale concernant les jeux d'argent. Une annonce qui n'a pas suffi à rassurer les investisseurs, l'action FDJ terminant la séance sur une perte de 5,4% à 34,79 euros, sa pire performance depuis avril 2020.
FDJ, un poids lourd des jeux d'argent en France
Cette réaction épidermique des marchés financiers s'explique par le poids et le modèle économique particulier de la FDJ. L'opérateur historique des jeux de loterie et de grattage, détenu à 20% par l'État depuis sa privatisation fin 2019, a réalisé un chiffre d'affaires de 2,2 milliards d'euros en 2023 malgré le contexte de crise sanitaire. Son résultat net a même progressé de 5% à 214 millions d'euros.
Les rumeurs de nouvelle taxe des jeux d'argent ont fait l'effet d'une douche froide sur le titre FDJ qui surperformait le marché ces derniers mois. Si rien n'est acté, le risque réglementaire pèsera durablement sur la valorisation.
– Lucas Excoffier, trader chez Oddo BHF
Des prélèvements déjà conséquents
Actuellement, les jeux d'argent sont déjà soumis à une fiscalité particulière avec des prélèvements sociaux de 13,7% sur les mises des jeux de loterie et de grattage de la FDJ, en plus de la TVA et des impôts sur les sociétés. Au global, la filière des jeux d'argent a rapporté près de 6 milliards d'euros à l'État en 2023, un montant en hausse constante depuis 10 ans sous l'effet de la libéralisation progressive du secteur et du développement rapide des paris sportifs.
L'annonce surprise de ce projet de taxation fait donc figure de coup de tonnerre pour les opérateurs qui redoutent un impact majeur sur leur activité, à l'image de la FDJ dont les perspectives de croissance pour 2025 pourraient être revues à la baisse. La fédération des casinos de France a de son côté dénoncé une mesure "injuste et contre-productive" qui fragiliserait un secteur déjà durement touché par la crise sanitaire. La balle est maintenant dans le camp du gouvernement qui devra clarifier ses intentions rapidement pour ne pas laisser planer le doute.
Les paris en ligne dans le viseur
Selon nos informations, c'est surtout le segment des paris sportifs et du poker en ligne qui serait concerné par ce nouveau tour de vis fiscal. Un secteur en plein essor, porté par la libéralisation de 2010 et l'émergence de nouveaux acteurs comme Betclic ou Winamax, qui pèse aujourd'hui plus de 2 milliards d'euros de mises. Des chiffres qui font saliver Bercy à l'heure où les caisses de l'État sont vides. Taxer davantage ces activités serait un moyen de financer une partie des dépenses sociales liées au vieillissement de la population.
Mais les opérateurs concernés ne l'entendent pas de cette oreille, mettant en garde contre les risques d'une taxation excessive :
- Perte d'attractivité de l'offre légale et report des joueurs vers les sites illégaux non taxés
- Diminution des budgets publicitaires et de sponsoring, vitaux pour le financement du sport français
- Ralentissement des investissements et des créations d'emplois dans un secteur jeune et dynamique
Autant d'arguments qui seront sans doute opposés au gouvernement dans les semaines à venir. Les prochains débats sur le PLFSS au Parlement promettent en tout cas d'être électriques, les opérateurs de jeux comptant plusieurs soutiens de poids chez les députés, y compris dans la majorité présidentielle. Le feuilleton de la taxation des jeux d'argent ne fait sans doute que commencer.