Fisker sous le feu d’une enquête de la SEC dans sa procédure de faillite
Un rebondissement inattendu vient secouer la procédure de faillite du constructeur de véhicules électriques Fisker. Près de quatre mois après que la startup ait déposé le bilan, la Securities and Exchange Commission (SEC) révèle avoir lancé une enquête sur l'entreprise. Cette annonce intervient alors que Fisker s'efforce de liquider ses actifs et de parvenir à un accord avec ses créanciers.
Une enquête aux contours incertains
Si l'existence de cette investigation est désormais connue, ses tenants et aboutissants restent nébuleux. La SEC se montre pour l'heure avare en détails, indiquant simplement dans un document qu'elle a adressé plusieurs assignations à comparaître à Fisker et que d'autres pourraient suivre. Sans préciser l'objet exact de ses investigations, le gendarme boursier américain souligne néanmoins qu'elles pourraient déboucher sur "de futures actions alléguant des violations des lois fédérales sur les valeurs mobilières".
Sollicité par nos confrères de TechCrunch, Fisker n'a pas souhaité commenter cette annonce. De son côté, un porte-parole de la SEC s'est refusé à "tout commentaire sur l'existence ou la non-existence d'une éventuelle enquête".
Un parcours semé d'embûches
Cette révélation vient s'ajouter aux nombreuses difficultés rencontrées par Fisker ces derniers mois. La startup, qui ambitionnait de se faire une place sur le marché très concurrentiel des véhicules électriques, a été contrainte de se placer sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites en mai dernier. Depuis, l'entreprise s'efforce d'organiser la vente de sa flotte de véhicules restants, tout en négociant avec ses créanciers les modalités de liquidation de ses actifs.
Fisker s'est effondré plus tôt cette année après avoir eu du mal à livrer son SUV Ocean à plus de quelques milliers de clients.
– TechCrunch
Un accord vient d'être trouvé avec les créanciers sur les modalités de cette liquidation. Mais c'était sans compter sur l'objection déposée vendredi par la SEC. Inquiète, celle-ci juge insuffisantes les dispositions protégeant sa capacité à poursuivre la société ou d'autres parties dans le cadre de son enquête.
La question des archives en suspens
L'autorité de régulation pointe également du doigt l'absence, dans l'accord, de toute mention sur la façon dont Fisker compte préserver - voire s'il compte préserver - ses archives et documents d'entreprise. Un point crucial pour la SEC :
La Commission a en cours des assignations à comparaître dans le cadre de son enquête et pourrait avoir besoin de demander ou d'exiger des documents supplémentaires à l'avenir.
– Securities and Exchange Commission
Le gendarme boursier affirme avoir interrogé Fisker sur le lieu de conservation de ses archives après l'adoption du plan de règlement, sans obtenir de réponse à ce jour. Une opacité qui fait planer le doute sur la volonté réelle - et la capacité - de l'entreprise à coopérer pleinement à l'enquête la visant.
Une faillite aux multiples facettes
Si la faillite de Fisker n'est plus un secret, les dessous de l'affaire se révèlent progressivement plus complexes qu'anticipé. Entre difficultés à tenir ses objectifs de vente, changements brutaux à sa tête, retards dans ses dépôts réglementaires et accusations de problèmes comptables, le constructeur semble avoir accumulé les zones d'ombre dans les mois précédant son dépôt de bilan.
- L'entreprise aurait été incapable d'atteindre ses modestes objectifs de vente internes.
- Plusieurs directeurs comptables se seraient succédé de manière abrupte fin 2023.
- Fisker aurait eu du retard dans le dépôt de ses résultats trimestriels auprès de la SEC.
Des témoignages d'anciens employés font également état de luttes internes pour garder les finances de l'entreprise sous contrôle. Fisker aurait même brièvement "perdu la trace" de jusqu'à 16 millions de dollars de paiements de clients, selon des sources citées par TechCrunch - une allégation réfutée par le constructeur.
Alors que l'enquête de la SEC suit son cours, nul doute que d'autres révélations pourraient encore venir éclaircir les circonstances troubles de la chute de cette startup autrefois prometteuse. Une descente aux enfers qui vient rappeler, s'il en était besoin, les immenses défis qui attendent encore les jeunes pousses sur le chemin semé d'embûches de la mobilité électrique.