L’actionnariat salarié, un levier de partage de la valeur en plein essor
Imaginez un instant que vous soyez non seulement salarié mais aussi actionnaire de votre entreprise. C'est le concept même de l'actionnariat salarié, un dispositif en plein essor au sein des grandes entreprises françaises. Selon un récent bilan de la Fédération française des associations d'actionnaires salariés et anciens salariés (FAS), les salariés détenaient en moyenne 3,9% du capital des entreprises du CAC 40 fin 2023, en hausse de 0,3 point sur un an. Zoom sur cette tendance porteuse de sens.
L'actionnariat salarié, de quoi parle-t-on ?
L'actionnariat salarié permet aux collaborateurs de devenir actionnaires de leur propre entreprise, via l'acquisition d'actions. Ils peuvent ainsi bénéficier des fruits de la croissance et prendre part aux décisions stratégiques. Plusieurs dispositifs existent :
- Les plans d'épargne entreprise (PEE) pour investir dans les actions de sa société
- Les plans d'attribution gratuite d'actions
- Les augmentations de capital réservées aux salariés
Au-delà d'un placement financier, l'actionnariat salarié est un outil d'alignement des intérêts entre entreprise et employés. Il favorise l'engagement, la motivation et la rétention des talents.
Un nombre record d'opérations en 2023
La dynamique s'accélère. En 2023, 42 plans d'actionnariat collectif ont été réalisés par 38 entreprises du SBF 120, un record depuis 2005 selon Eres, expert de l'épargne salariale. Signe d'un engouement croissant, les salariés ont investi en moyenne 3100€, soit 600€ de plus qu'en 2022.
L'actionnariat salarié s'est imposé comme un axe fort des politiques RH et de partage de la valeur. Il est devenu incontournable.
– Xavier Collot, Directeur épargne salariale et retraite chez Amundi
Les freins à une démocratisation plus large
Si l'actionnariat salarié progresse, il peine encore à se démocratiser pleinement. En 2023, seuls 36% des salariés éligibles y ont souscrit, contre plus de 40% en 2014. Le coût des campagnes et la complexité administrative restent des freins pour beaucoup d'entreprises, notamment les PME.
De plus, tous les salariés ne peuvent ou ne souhaitent pas investir une partie de leur épargne dans leur entreprise, par manque de moyens ou par prudence. L'objectif proclamé par la FAS de 10% du capital détenu par les salariés en 2030 semble pour l'heure difficile à atteindre.
Vers une généralisation dans la loi ?
Malgré ces limites, l'actionnariat salarié a le vent en poupe, porté par un cadre fiscal et législatif de plus en plus incitatif. La loi Pacte de 2019 a posé de premiers jalons en faveur de son développement dans les PME.
Des voix s'élèvent régulièrement pour aller plus loin, à l'instar du patron de la CFDT Laurent Berger, qui plaide pour une « généralisation encadrée » dans toutes les entreprises. Le sujet pourrait refaire surface dans le débat public à l'heure où le partage de la valeur est sur toutes les lèvres.
L'actionnariat salarié apparaît en tout cas comme une piste prometteuse pour réconcilier performance économique et progrès social. À condition de trouver les bons mécanismes pour garantir son accessibilité au plus grand nombre. Un défi à relever pour les entreprises et les pouvoirs publics.