La Guadeloupe secouée par une nouvelle grève chez EDF
Une nouvelle grève secoue actuellement la Guadeloupe. Depuis le 15 septembre, les salariés d'EDF PEI, principal producteur d'électricité du département, ont cessé le travail. En cause : le non-respect d'un accord signé début 2023 sur les arriérés de salaires et les conditions de travail. Des coupures d'électricité importantes perturbent la vie des Guadeloupéens, pour la deuxième année consécutive.
La centrale de Pointe Jarry au cœur du conflit
Le mouvement se concentre autour de la centrale thermique fioul de Pointe Jarry. Ce site assure près de 70% de la production électrique du département. Les grévistes, affiliés à la Fédération de l'Énergie de la CGT Guadeloupe, réclament l'application pleine et entière de l'accord conclu il y a un an et demi, suite à une précédente grève de 61 jours fin 2022-début 2023.
Nous ce qu'on demande c'est l'application du protocole d'accord de février 2023.
– Nathanaël Vérin, délégué syndical de la centrale
Des revendications multiples
Les points de discorde portent notamment sur :
- La titularisation d'intérimaires
- Le rattrapage de 5 ans d'arriérés de salaire
- La remise en cause d'un accord sur le temps de travail
- L'obtention de bulletins de paie détaillés et conformes
La direction affirme avoir appliqué l'accord à 80%, mais les syndicats contestent et veulent des preuves tangibles des versements effectués.
Des négociations qui reprennent
Après 10 jours d'interruption et une guerre de communication, les pourparlers ont repris le 3 octobre, en présence cette fois du directeur général adjoint d'EDF PEI. En signe de bonne volonté, les grévistes ont remis en route 6 des 12 moteurs de la centrale, mettant fin aux délestages tournants de 2 à 4h qui exaspéraient la population.
Craintes pour la sécurité énergétique de l'île
Au-delà du conflit social, ce nouvel épisode met en lumière la fragilité du système électrique guadeloupéen. Pour les grévistes, le fait qu'un seul acteur puisse mettre en péril l'alimentation de tout un territoire remet en cause l'évaluation de la programmation pluriannuelle de l'énergie.
Le fait que lorsqu'un seul producteur s'arrête, on ne soit pas capable d'alimenter le territoire, montre d'une part qu'on est pas en surcapacité de production, mais que de surcroît, la Guadeloupe n'est pas prête à affronter un aléa climatique d'ampleur.
Les conséquences économiques commencent aussi à se faire sentir. Restaurants, entreprises, services publics fonctionnent au ralenti rythmé par les coupures d'électricité mais aussi d'eau, acheminée grâce au courant.
Il est urgent que ce conflit trouve une issue rapide et pérenne, pour la sérénité des Guadeloupéens comme pour la crédibilité de la première source d'énergie de l'île. La transition énergétique, pourtant priorité affichée des politiques publiques, semble compromise sans un dialogue social apaisé et des investissements significatifs pour sécuriser l'approvisionnement.