Pochette Surprise : La Contrefaçon du Cannabis Sévèrement Punie
C'est un procès hors norme qui vient de s'achever au tribunal correctionnel de Créteil. Pour la première fois en France, des trafiquants de cannabis ont été lourdement condamnés non seulement pour narcotrafic, mais aussi pour contrefaçon et atteinte à la propriété intellectuelle de grandes marques agroalimentaires. En cause : les emballages de leurs produits stupéfiants, singés sur ceux de produits phares comme le Carambar, le Nutella ou les bonbons Haribo.
Quand le trafic de drogue s'approprie les codes du marketing
Depuis plusieurs années, les réseaux de dealers rivalisent de créativité pour « packager » leur marchandise illicite. Exit les sachets transparents anonymes, place à des pochettes aux designs soignés, reprenant les codes graphiques et parfois même les noms de marques établies :
- Carambhash, en référence aux Carambars
- Nuttelhash, détournant l'image de la célèbre pâte à tartiner Nutella
- Ou encore Haribeuh, copiant sans vergogne la marque de confiseries Haribo
Une stratégie marketing osée, mais qui n'est pas sans risque. C'est ce qu'ont appris à leurs dépens les membres des réseaux CaliTerTer et Caliweed, dont les dirigeants comparaissaient depuis le 1er octobre devant la justice, aux côtés de leur graphiste et imprimeur.
Propriété intellectuelle : les marques contre-attaquent
Les faits reprochés aux prévenus relevaient classiquement du trafic de stupéfiants. Mais pour la première fois, les marques victimes de ces usurpations - dont Ferrero (Nutella), Mondelez (Carambar) ou Haribo - se sont portées parties civiles pour défendre leurs droits. Leur angle d'attaque : la contrefaçon et la violation de la propriété intellectuelle.
Lors de l'audience du 3 octobre, le parquet a été très clair :
Le narcotrafic n'a rien d'un jeu mais représente un terreau fertile pour la criminalité et tous ses dangers, notamment à l'encontre d'un public jeune.
Des sanctions exemplaires
Au final, les peines sont tombées :
- Le chef du réseau écope de 10 ans de prison et 50 000€ d'amende
- Ses bras droits de 8 et 4 ans ferme
- Le graphiste et l'imprimeur de l'agence Pochette Surprise récoltent 6 mois avec sursis pour contrefaçon
Un jugement qui fera date et enverra un message fort aux aspirants Pablo Escobar. Comme l'a souligné le tribunal, le préjudice pour les marques va bien au-delà de l'atteinte à leur image. C'est leur réputation et la confiance des consommateurs qui sont mises en péril par ces détournements coupables à des fins criminelles.
Nul doute que ce procès sans précédent en appellera d'autres. Face à ces nouvelles pratiques, les géants de l'agroalimentaire et de la grande consommation sont bien décidés à défendre leur territoire. Quitte à envoyer les contrefacteurs en détention...provisoire.