
Meta accepte des limites sur le profilage des utilisateurs en Allemagne
Après une bataille judiciaire de plusieurs années initiée par le régulateur allemand de la concurrence, le Bundeskartellamt, Meta (anciennement Facebook) a finalement accepté de mettre en place des limites importantes sur la collecte et le profilage des données des utilisateurs de Facebook et Instagram en Allemagne. Cette décision marque une victoire majeure pour la protection de la vie privée des internautes allemands.
Le Bundeskartellamt, un pionnier dans la lutte contre le profilage abusif
Dès 2019, le Bundeskartellamt avait lancé une procédure contre Facebook, arguant que le profilage des utilisateurs sans leur consentement constituait un abus de position dominante. L'autorité allemande avait alors cherché à bloquer la pratique de « super-profilage » de l'entreprise, qui consistait à combiner les données collectées à travers ses différents services et sur des sites tiers pour créer des profils ultra-détaillés des internautes.
Un combat de longue haleine
Cette décision n'avait pas été du goût de Meta, qui avait alors mobilisé son armée d'avocats pour contester la décision du régulateur. Mais après de longues négociations, l'entreprise a finalement accepté de faire des concessions significatives sur la gestion des données des utilisateurs allemands de Facebook et Instagram.
Grâce à notre décision, Meta a apporté des changements très importants dans sa façon de traiter les données des utilisateurs.
Andreas Mundt, président du Bundeskartellamt
Les principaux engagements de Meta
Parmi les mesures clés auxquelles Meta a consenti, on retrouve :
- La création d'un « Centre de comptes » permettant aux utilisateurs de Facebook et Instagram de garder leurs données séparées entre les différents services.
- Un paramètre de cookie donnant le choix aux utilisateurs de combiner ou non leurs données avec celles collectées par Meta sur des sites tiers.
- Une exception pour Facebook Login, qui permet de se connecter à des apps et sites tiers sans combiner automatiquement ses données Facebook.
Meta s'est également engagé à mieux informer les utilisateurs sur les options de combinaison des données, notamment via des notifications bien visibles et des liens directs vers les nouveaux paramètres de consentement.
Une portée qui dépasse les frontières allemandes ?
Si certaines mesures comme le Centre de comptes semblent avoir été déployées dans toute l'Europe, il n'est pas encore clair si l'ensemble des engagements de Meta auprès du Bundeskartellamt s'appliqueront au-delà de l'Allemagne. Le régulateur note cependant que sa décision pourrait inspirer d'autres autorités, citant notamment le Digital Markets Act européen qui reprend certains des enjeux soulevés par l'affaire.
Quoi qu'il en soit, cette victoire du Bundeskartellamt marque une étape importante dans la régulation des pratiques de tracking et de profilage des géants du web. Elle démontre qu'un abus de la vie privée peut aussi constituer une entrave à la concurrence, ouvrant la voie à une meilleure protection des internautes. Espérons que cet exemple fera des émules dans d'autres pays pour rééquilibrer les pouvoirs entre les utilisateurs et les plateformes !