Liens de lauréats du Nobel avec Google : débat sur la recherche en IA
L'intelligence artificielle ne cesse de repousser les limites de la science et de la technologie. Mais cette course effrénée vers le progrès soulève également de nombreuses interrogations, notamment sur la place prépondérante qu'occupent certains géants du numérique dans la recherche en IA. La récente attribution des prix Nobel de chimie et de physique à un petit groupe de pionniers de l'IA, tous affiliés à Google, a ainsi relancé le débat sur la domination de la firme de Mountain View dans ce domaine stratégique.
Google, à l'avant-garde de la recherche en IA
Google, à travers sa filiale DeepMind spécialisée dans l'intelligence artificielle, a une nouvelle fois démontré son leadership dans ce secteur. Mercredi, Demis Hassabis, cofondateur de DeepMind, et son collègue John Jumper ont ainsi reçu le prestigieux prix Nobel de chimie pour leurs travaux novateurs sur la compréhension des structures des protéines, aux côtés du biochimiste américain David Baker.
La veille, c'est un autre chercheur émérite passé par Google, Geoffrey Hinton, qui s'était vu décerner le prix Nobel de physique, en compagnie du scientifique américain John Hopfield. Leurs découvertes pionnières dans le domaine de l'apprentissage automatique (machine learning) dans les années 1980 ont ouvert la voie à l'essor fulgurant que connaît l'IA aujourd'hui.
Un palmarès qui ne doit rien au hasard
Si l'attribution de ces récompenses à des chercheurs affiliés à Google suscite des interrogations, elle n'est pour autant pas surprenante au vu des investissements colossaux consentis par le géant américain dans la recherche en IA depuis de nombreuses années. Google a su s'entourer des plus grands experts mondiaux et leur offrir un environnement propice pour repousser les frontières de l'intelligence artificielle.
Le comité du prix Nobel ne veut pas passer à côté de ces travaux sur l'IA, et il est donc très créatif de sa part de pousser Geoffrey Hinton à suivre la voie de la physique.
– Dame Wendy Hall, informaticienne et conseillère sur l'IA auprès de l'ONU
OpenAI et Microsoft, l'autre duo qui bouscule la donne
Mais Google doit désormais composer avec un nouvel acteur de poids : OpenAI, la start-up à l'origine du très médiatisé agent conversationnel ChatGPT. Soutenue par Microsoft qui y a investi des milliards de dollars, OpenAI se pose en rival sérieux de Google et entend bien bousculer son hégémonie dans le domaine de l'IA.
Cette concurrence acharnée pousse les deux géants à accélérer encore davantage leurs efforts, avec le risque de mettre au second plan les questions éthiques et les potentiels dangers d'une IA toute puissante. Un risque dont Geoffrey Hinton lui-même s'était inquiété en démissionnant de Google en 2023, afin d'alerter sur les dérives possibles d'une intelligence artificielle qui dépasserait l'entendement humain.
Vers une nécessaire régulation du secteur ?
Face à cette course à l'IA que se livrent les géants de la tech, la question d'un encadrement plus strict du secteur se pose avec une acuité grandissante. Google est d'ailleurs déjà dans le viseur du département américain de la Justice qui a engagé des poursuites antitrust contre la firme.
Mais au-delà des aspects concurrentiels, c'est bien la nécessité d'un débat de société sur la place que doit occuper l'IA et les garde-fous à mettre en place qui apparaît comme cruciale. Car si l'intelligence artificielle ouvre des perspectives extraordinaires, elle soulève aussi des défis éthiques, sociaux et existentiels majeurs que l'humanité va devoir affronter dans les années à venir. Des défis que même les plus brillants chercheurs récompensés par le Nobel ne pourront relever seuls.