Deux projets de transport de CO2 à Dunkerque pour décarboner le bassin industriel
Le bassin industriel de Dunkerque, plus gros émetteur de CO2 en France, se trouve aujourd'hui à un tournant. Pour réduire drastiquement ses émissions et s'engager dans une vraie transition énergétique, il a besoin de solutions concrètes de captage et de stockage du carbone. C'est dans ce contexte que deux projets ambitieux d'infrastructures de transport de CO2 ont émergé, portés par des acteurs majeurs de l'énergie. Leur but : capter le CO2 émis localement et l'acheminer vers des sites de stockage sous-marins. Une véritable révolution qui pourrait changer la donne en matière de décarbonation industrielle.
Deux visions pour un même défi : décarboner massivement Dunkerque
Aujourd'hui, deux projets se font face pour relever ce défi titanesque :
Le réseau de GRTgaz et Equinor
D'un côté, GRTgaz, gestionnaire du réseau de gaz français, s'est associé au pétrolier norvégien Equinor. Ensemble, ils envisagent la construction d'un réseau de transport terrestre et sous-marin pour acheminer le CO2 capté sous forme gazeuse depuis Dunkerque jusqu'à des sites de stockage offshore en mer du Nord. L'infrastructure, dont la mise en service est prévue pour 2029, serait capable de transporter plusieurs millions de tonnes de CO2 chaque année.
Le projet D'Artagnan d'Air Liquide
De l'autre, le géant des gaz industriels Air Liquide mise sur un concept différent avec son projet baptisé "D'Artagnan". Au lieu d'un gazoduc offshore, il propose de faire transiter le CO2 capté par voie maritime, en le chargeant sous forme liquide sur des navires depuis le terminal méthanier de Dunkerque. Estimé à 400 millions d'euros, le projet a déjà été validé et subventionné par Bruxelles. Sa réalisation dépend désormais de la signature de contrats de captage avec de grands émetteurs locaux comme le cimentier Eqiom ou le chaufournier Lhoist.
3 à 5 millions de tonnes de CO2 par an seront collectées par notre réseau à Dunkerque pour être stockées en Norvège.
Geoffroy Anger, GRTgaz
Une compétition stimulante
Si ces deux projets sont en compétition, leur coexistence démontre le dynamisme des acteurs économiques pour accélérer la transition énergétique à Dunkerque. Cela confirme aussi la pertinence du captage et stockage géologique du carbone (CSC) comme levier incontournable de décarbonation pour les industries lourdes fortement émettrices et difficilement électrifiables.
Des retombées locales considérables
Qu'il s'agisse du projet de GRTgaz et Equinor ou de celui d'Air Liquide, les retombées pour le territoire seront immenses :
- Une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre du bassin industriel
- Le maintien de la compétitivité des entreprises locales
- La création de nouvelles filières et de nombreux emplois autour des infrastructures de décarbonation
Une chose est sûre : avec ces projets, Dunkerque montre la voie. Le territoire prouve qu'en alliant technologies innovantes et collaboration entre grands acteurs industriels, la neutralité carbone est à portée de main, même pour des bassins économiques historiquement très polluants. Une source d'inspiration pour beaucoup d'autres "vallées de la chimie" en France et en Europe. La course à la décarbonation ne fait que commencer !