Sanofi et CD&R unissent leurs forces pour Opella
La cession partielle d'Opella, la division grand public de Sanofi qui produit notamment le Doliprane, au fonds américain CD&R, suscite des inquiétudes et une mobilisation au plus haut niveau de l'État. Les ministres de l'Économie et de l'Industrie se sont rendus lundi sur le site d'Opella à Lisieux pour demander des garanties sur l'avenir industriel et l'emploi.
Une visite ministérielle aux enjeux multiples
En se rendant sur le site normand d'Opella, les ministres Antoine Armand et Marc Ferracci ont voulu adresser plusieurs messages forts. Il s'agissait à la fois de rappeler l'importance stratégique du Doliprane, antidouleur star dont la France est le premier marché, de s'assurer du maintien de sa production hexagonale et de sécuriser les emplois des 1700 salariés d'Opella en France.
Techniquement, Bercy n'anticipe pas de difficultés majeures dans cette transaction, qui fait l'objet de discussions depuis plusieurs mois. L'objectif de la visite était surtout d'obtenir publiquement des engagements de la part de Sanofi et CD&R, dans un contexte de sensibilité accrue aux enjeux de souveraineté industrielle et sanitaire.
Quatre points clés demandés par le gouvernement
- Maintien du siège d'Opella en France
- Poursuite de la production de médicaments essentiels
- Respect des accords d'approvisionnement en paracétamol
- Préservation de l'emploi sur les sites français
L'État compte bien utiliser tous les leviers à sa disposition pour garantir ces engagements, à commencer par la procédure de contrôle des investissements étrangers (IEF), qui sera déclenchée dès l'entrée en négociations exclusives. Une prise de participation minoritaire de Bpifrance n'est pas non plus exclue.
Lisieux et Compiègne, deux sites stratégiques
Parmi les 13 usines d'Opella dans le monde, les deux sites français font figure de joyaux industriels :
- Lisieux est le cœur de la production du Doliprane, quasiment exclusif au marché tricolore. Un investissement de 20 millions d'euros est en cours pour augmenter les capacités de 40%.
- Compiègne dispose d'un agrément des autorités sanitaires américaines, gage de qualité pour servir le premier marché d'Opella.
Le projet de cession ne change absolument rien à l'ancrage d'Opella en France, ni sur l'emploi, ni sur l'avenir de ses sites de Lisieux et de Compiègne.
Sanofi, communiqué du 11 octobre
Malgré ces promesses, le gouvernement entend rester vigilant et proactif pour défendre ce fleuron industriel de la santé grand public. L'avenir du Doliprane, indissociable de celui des 1700 salariés français d'Opella, en dépend.
