L’IA “World Model” : La Clé Vers Une IA de Niveau Humain

Imaginez une intelligence artificielle capable de percevoir, raisonner et planifier comme un être humain. C'est le rêve ultime de nombreux laboratoires d'IA à travers le monde. Mais sommes-nous vraiment si proches d'atteindre cet objectif ambitieux ? Pas si l'on en croit Yann LeCun, directeur scientifique de l'IA chez Meta.

Les Limites des Modèles Actuels

Malgré les progrès fulgurants réalisés ces dernières années, avec l'émergence de modèles de langage ultra-performants comme GPT-3 ou les générateurs d'images comme DALL-E, LeCun estime que nous sommes encore loin d'une véritable "IA de niveau humain". Pourquoi ? Parce que ces systèmes sont essentiellement des prédicteurs unidimensionnels ou bidimensionnels. Ils excellent pour générer le prochain mot dans une phrase ou le prochain pixel dans une image, mais ils n'ont pas de réelle compréhension du monde en trois dimensions qui nous entoure.

Malgré ce que vous avez pu entendre de la part des personnes les plus enthousiastes, les systèmes d'IA actuels ne sont capables d'aucune de ces choses.

– Yann LeCun, Directeur Scientifique IA chez Meta

Des Tâches Simples Hors de Portée

Conséquence de cette limitation, même les IA les plus avancées peinent à réaliser des tâches triviales pour un humain, comme débarrasser une table ou conduire une voiture. Des actions qui nécessitent une véritable perception de l'espace et une capacité à planifier une séquence d'étapes pour atteindre un objectif.

Le Chaînon Manquant : Les World Models

Pour LeCun, la solution réside dans les world models, ou modèles du monde. L'idée est de créer des IA dotées d'une représentation mentale de leur environnement, capable de simuler l'effet d'une séquence d'actions. Tout comme notre propre cerveau nous permet d'imaginer les conséquences de nos actes avant de les réaliser.

Concrètement, un world model serait nourri de données de perception (vidéo, son, etc.) et d'une mémoire, pour construire une simulation du monde. On pourrait ensuite lui assigner des objectifs, comme ranger une chambre, et des contraintes, comme ne pas blesser d'humains au passage. Le modèle serait alors capable de générer la séquence d'actions optimale pour atteindre le but fixé.

Un Chantier Titanesque

Si le concept de world model n'est pas nouveau, LeCun reconnaît que les progrès dans ce domaine restent modestes. Les défis techniques et conceptuels sont immenses. Il faudra sans doute des années, voire une décennie de recherche acharnée avant de voir émerger les premiers prototypes convaincants.

Mais le jeu en vaut la chandelle. Car au-delà des perspectives vertigineuses en termes d'applications, c'est notre compréhension même de l'intelligence qui est en jeu. En cherchant à doter les machines de capacités de raisonnement et de planification similaires aux nôtres, nous pourrions bien en apprendre autant sur notre propre cognition que sur l'IA elle-même.

Les world models représentent donc un défi majeur et passionnant pour la prochaine décennie. Un défi que des géants comme Meta ou DeepMind, mais aussi une myriade de startups et de laboratoires académiques, s'apprêtent à relever. Avec à la clé, l'espoir d'une nouvelle révolution dans le domaine de l'intelligence artificielle. Rendez-vous dans 10 ans pour le verdict !