L’industrie chimique française face à une crise sans précédent
Un vent mauvais souffle sur la chimie française. Après les signaux alarmants du début d'année, la tempête redoutée s'est finalement abattue de plein fouet sur ce fleuron de notre industrie. Avec à peine 75% d'utilisation des capacités de production, contre un niveau jugé viable de 80%, le secteur traverse une crise d'une violence inédite qui fait craindre la perte de 15 000 emplois à court terme.
Un cocktail explosif qui met le secteur à genoux
Plusieurs facteurs se conjuguent pour créer un environnement particulièrement hostile à la chimie tricolore :
- Des prix de l'énergie deux à cinq fois plus élevés qu'aux États-Unis, plombant la compétitivité, en particulier pour les électro-intensifs comme les producteurs d'hydrogène ou d'ammoniac.
- Une demande européenne atone, les clients réduisant leurs commandes face à la conjoncture économique morose.
- Une concurrence asiatique de plus en plus agressive, faisant l'objet d'une trentaine d'enquêtes anti-dumping à Bruxelles.
Des fermetures de sites et des plans sociaux en série
Partout sur le territoire, les mauvaises nouvelles s'accumulent. Syensqo a stoppé sa production de vanilline à Saint-Fons, Solvay réduit la voilure à Salindres, ExxonMobil supprime des postes en Normandie, WeylChem Lamotte est en difficulté dans l'Oise... La liste ne cesse de s'allonger, témoignant de l'ampleur de la crise.
France Chimie chiffre à 15 000 le nombre d'emplois menacés à court terme et demande des actions urgentes pour soutenir la compétitivité du secteur.
Des solutions pour rebondir
Pour sortir de l'ornière, les industriels attendent beaucoup de l'État. Parmi les mesures phares réclamées par France Chimie :
- Sécuriser l'accès à une énergie décarbonée compétitive, via des contrats long terme avec EDF.
- Relancer l'investissement et l'innovation pour moderniser l'outil industriel.
- Simplifier la réglementation et rétablir des conditions de concurrence équitables face aux importations.
Le gouvernement semble avoir pris la mesure du problème, demandant à EDF un effort supplémentaire en faveur de la chimie. Car au-delà des 100 000 emplois directs concernés, c'est toute une chaîne de valeur et des savoir-faire stratégiques, essentiels à la transition écologique, qui sont en jeu.
Une filière incontournable pour la transition écologique
Malgré la tourmente, la chimie reste en effet un maillon essentiel de la décarbonation de l'économie. Engagée depuis trois décennies dans la réduction de ses émissions, elle développe les innovations de rupture comme le recyclage chimique ou la chimie biosourcée qui permettront d'atteindre la neutralité carbone.
« Une chimie forte sur notre territoire est un des atouts majeurs de la souveraineté économique et de la transition écologique de notre pays. Mais il faut voir les choses en face : en France comme en Europe, cet atout est aujourd'hui menacé ! »
Frédéric Gauchet, président de France Chimie
Un cri d'alarme qui résonne comme un appel à l'action, pour ne pas laisser ce joyau de l'industrie française sombrer corps et biens dans la tempête. Les prochains mois seront décisifs pour voir si les pouvoirs publics et les entreprises réussissent ensemble à redresser la barre et à préserver cet outil industriel vital pour notre avenir.