WP Engine veut restaurer son accès à WordPress.org via une injonction
Quand les géants de l'hébergement web s'affrontent dans les tribunaux, c'est tout l'écosystème WordPress qui tremble. Le dernier épisode en date oppose WP Engine, l'un des principaux fournisseurs d'hébergement dédié à WordPress, à Automattic et son emblématique co-fondateur Matt Mullenweg. Un bras de fer judiciaire qui a poussé WP Engine à demander l'intervention de la justice pour rétablir son accès au répertoire open-source WordPress.org, vital pour son activité.
Un procès qui dégénère en représailles
Tout a commencé le mois dernier quand WP Engine a engagé des poursuites contre Matt Mullenweg et Automattic. En réaction, Mullenweg, qui contrôle également WordPress.org, a coupé l'accès de WP Engine au dépôt du projet open-source. Une décision lourde de conséquences puisque la société ne pouvait plus mettre à jour son plug-in Advanced Custom Fields (ACF), un outil essentiel pour ses clients permettant de personnaliser leurs interfaces d'administration WordPress.
Début octobre, WordPress est même allé plus loin en prenant le contrôle d'ACF et en le "forçant", en vertu de ses directives autorisant des modifications sans le consentement du développeur au nom de la sécurité publique. Un coup dur pour WP Engine qui se retrouve privée d'un élément clé de son offre.
Faire intervenir la justice pour retrouver son accès
Face à cette situation, WP Engine a décidé de contre-attaquer en demandant à un tribunal de Californie du Nord de lui redonner accès à WordPress.org, comme c'était le cas avant le 20 septembre 2024. Dans sa requête d'injonction préliminaire, la société argue que cette mesure ne nécessite aucune garantie car un retour au statu quo n'aura pas d'effet négatif sur les défendeurs.
WPE demande respectueusement à la Cour d'émettre une injonction préliminaire restaurant et préservant le statu quo tel qu'il existait avant les actes répréhensibles des défendeurs décrits ci-dessus.
Extrait de la requête judiciaire de WP Engine
WP Engine souhaite que ces protections soient étendues à ses filiales, partenaires, employés, utilisateurs et clients. Une demande qui fait suite à une autre décision polémique de Matt Mullenweg : l'ajout d'une case à cocher sur la page de connexion des contributeurs WordPress.org leur demandant de certifier qu'ils ne sont en aucune façon associés à WP Engine. Une initiative qui a conduit au bannissement de certains membres du Slack communautaire après avoir critiqué cette démarche.
Un conflit qui fragilise l'écosystème WordPress
Au-delà du contentieux opposant les deux entreprises, c'est toute la philosophie du logiciel libre et de la collaboration qui semble remise en cause par ce type de représailles. WordPress s'est bâti sur des valeurs d'ouverture et de contribution que ce bras de fer judiciaire vient ébranler.
Beaucoup au sein de la communauté s'inquiètent des répercussions à long terme de ces tensions sur la santé de l'écosystème. Comment maintenir un esprit collectif quand les acteurs majeurs s'affrontent devant les tribunaux ? Une question épineuse à laquelle le projet devra répondre s'il veut préserver l'essence collaborative qui a fait son succès et sa longévité.
Reste à savoir maintenant comment la justice tranchera et si WP Engine obtiendra gain de cause. Une chose est sûre, l'issue de cette bataille sera scrutée de près par tout le microcosme WordPress. Car au-delà de l'avenir d'Advanced Custom Fields, c'est bien la gouvernance du projet open-source le plus populaire au monde qui est en jeu.